Tribune. Il ne s’agit plus d’un scénario de science-fiction : le premier projet d’élevage de pieuvres au monde est près de devenir réalité. Une multinationale espagnole, Nueva Pescanova, s’apprête en effet à imposer l’enfer à ces animaux, pourtant reconnus très intelligents et inadaptés à la promiscuité. L’instauration de ce type d’élevage impliquerait en outre toujours plus de pêche pour nourrir ces animaux carnivores.
Il est bien moins coûteux et compliqué d’éviter qu’une pratique délétère se développe, plutôt que de la combattre par la suite. Les institutions européennes doivent agir dès maintenant pour empêcher qu’elle s’implante en Europe.
Avec l’attention grandissante envers les animaux d’élevage, les usages générant des souffrances les plus injustifiables ont tendance à refluer. Certaines de ces pratiques sont anciennes, comme les chasses dites « traditionnelles » ou les mutilations à vif dans les élevages, tandis que d’autres se sont déployées dans les années 1970 avec l’élevage industriel, comme celui de poules en cages ou le broyage des poussins mâles issus de races pondeuses. En quelques générations, certains usages vont même jusqu’à se transformer en symboles identitaires, marqueurs de terroirs ou de traditions.
Ainsi la corrida, avec mise à mort importée d’Espagne dans les arènes d’Arles il y a moins de cent cinquante ans, a par exemple atteint cent ans plus tard le rang de tradition locale ininterrompue. Cependant, les pratiques qui ne suscitaient guère d’opposition hier accumulent au fil du temps un décalage de plus en plus grand avec les attentes de la société, appelant les décideurs politiques à trancher entre la défense d’intérêts économiques et ceux des animaux.
Abomination
Il ne faut pas attendre qu’une pratique nuisible s’ancre dans un secteur, que des emplois en dépendent et qu’un lobby économique la défende. Or, les instances européennes tardent à réagir contre l’une des pires abominations que l’élevage industriel ait jamais produite : celui de poulpes.
Les pieuvres sont des animaux très intelligents. Nous avons de solides preuves scientifiques de leur sentience, c’est-à-dire de leur capacité à éprouver subjectivement des émotions et sentiments tels que la joie, l’anxiété, l’ennui, l’excitation.
Leur captivité dans des endroits trop petits pour être explorés, dépourvus de proies à chasser et d’objets à manipuler, induit une détresse psychologique menant à la dépression, l’anorexie ou même la consommation de leurs propres membres. Les éleveurs sont alors obligés de leur apporter des proies vivantes, ce qui pose d’autres problèmes de maltraitance lors du transport des animaux pêchés puis déplacés pour être dévorés.
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