A défaut d’une « petite guerre victorieuse », comme celle promise au tsar Nicolas II en 1905, la Russie commence à envisager un conflit potentiellement long et douloureux avec son voisin, l’Ukraine. Le constat n’est pas valable uniquement sur le plan militaire : le pays entier est sommé de s’adapter à la réalité de « l’opération militaire spéciale » décidée par le président, Vladimir Poutine, le 24 février.
Priorité du pouvoir : le contrôle de l’information, qui atteint désormais un niveau sans précédent dans l’histoire de la Russie post-soviétique. Vendredi 4 mars, les deux Chambres du Parlement ont adopté en urgence un texte qui punit jusqu’à quinze ans de prison les auteurs d’« informations mensongères sur l’armée » ou ceux qui les diffuseraient. Un amendement séparé prévoit par ailleurs jusqu’à trois ans de prison pour les « appels à imposer des sanctions à la Russie ».
Ces textes adoptés à l’unanimité, selon une procédure d’urgence, devraient s’appliquer à la fois aux médias et aux particuliers, russes comme étrangers. Selon la présidente du Conseil de la fédération, Valentina Matvienko, il s’agit de répondre à la « guerre de l’information sans précédent par son ampleur et son agressivité » lancée par l’Occcident contre la Russie.
Dès le 25 février, ordre avait été donné aux médias de ne pas utiliser, sous peine de blocage, les termes « guerre », « bombardements de villes », « morts civiles ». Les pertes de l’armée russe sont un autre sujet sensible.
Crainte d’un durcissement supplémentaire
L’adoption de ces lois hautement répressives coïncide avec un appel à « l’unité » lancé vendredi par le Kremlin. La veille, déjà, Vladimir Poutine avait fait une intervention solennelle à la télévision pour rendre hommage aux « héros » morts en Ukraine et promettre des compensations à leurs familles plus importantes que d’ordinaire (12 millions de roubles, près de 90 000 euros).
Si le président a assuré que « tout se déroule selon le plan et les délais prévus », son intervention paraissait faite pour installer dans l’esprit des Russes la présence de ce conflit. Dans la foulée, les télévisions ont d’ailleurs commencé à montrer pour la première fois des images de combats et de destructions – colonnes ukrainiennes détruites ou bâtiments.
Ces derniers jours, plusieurs médias indépendants ou affichant encore une certaine liberté de ton avaient pris les devants et annoncé leur dissolution, comme les sites Znak ou The Village. La légendaire radio Echo de Moscou, active depuis 1990, à la fin de l’ex-URSS, a aussi annoncé sa dissolution, jeudi, sans attendre une demande de la justice en ce sens.
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