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A contre-courant de nombreuses multinationales, de grandes entreprises françaises veulent rester en Russie

L’usine Danone de Tchekhov (Russie), en juillet 2017. YURI KADOBNOV / AFP

C’est sur la pointe des pieds qu’Hermès a, le premier, vendredi 4 mars au matin, annoncé sa décision de suspendre son activité en Russie. Sans diffuser de communiqué de presse mais par un « post » sur le réseau social professionnel LinkedIn. Dans la soirée, Chanel a pris une décision analogue en raison « de la complexité à opérer » dans le pays. Les deux plus gros acteurs français du luxe ont suivi, quelques heures après : Kering, le groupe présidé par François-Henri Pinault, et LVMH, le numéro un mondial du secteur, détenu par Bernard Arnault, première fortune de France, ont également annoncé fermer « temporairement leurs boutiques ». Au vu des appels au retrait auxquels ces marques mondiales faisaient face de toutes parts, notamment sur Instagram, et de l’impossibilité d’importer des produits, laisser ouverts leurs magasins dans le pays devenait difficilement tenable.

Ces groupes de luxe deviennent ainsi les premières grandes entreprises tricolores à prendre de telles décisions, depuis que la Russie a envoyé ses chars en Ukraine. Ailleurs en Europe et aux Etats-Unis, chaque jour depuis le début de la guerre menée par Vladimir Poutine, des multinationales prennent leurs distances avec la Russie. Les groupes pétroliers britanniques BP et Shell et l’américain ExxonMobil, les constructeurs automobiles Jaguar Land Rover, Volvo, Toyota et Volkswagen, l’assureur italien Generali, Ikea, ou encore Apple, Disney, Microsoft et Meta, ont tour à tour décidé de quitter le pays, de suspendre leurs activités ou de fermer leur bureau de représentation.

A contre-courant, les groupes tricolores avaient jusqu’alors cherché à se maintenir en Russie, à l’image de TotalEnergies (ex-Total). Vendredi, des bateaux opérés par la compagnie, chargés de gaz russe, continuaient à assurer des livraisons vers l’Europe. Les intérêts de Total dans le pays sont nombreux. Le groupe est actionnaire du géant russe du gaz Novatek à 19,4 % – où il côtoie, au capital, un proche de Vladimir Poutine, Guennadi Timtchenko, visé par les sanctions européennes et américaines. TotalEnergies est par ailleurs actif dans plusieurs projets importants, notamment en Sibérie. En 2020, 17 % de sa production pétrogazière, et 24 % de ses réserves, se trouvaient sur le territoire russe.

Après avoir reconnu qu’« il y a désormais un problème de principe à travailler avec toute personnalité politique ou économique proche du pouvoir russe », le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, s’est entretenu mercredi avec le PDG de TotalEnergies, sans que rien ne filtre de leur échange. Le même jour, sur l’antenne de France Inter, le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a incité le groupe à cesser ses activités en Russie. Une position également défendue par plusieurs parlementaires français, de gauche comme de droite. Sous pression, le groupe dirigé par Patrick Pouyanné s’est contenté d’assurer qu’il n’engagerait pas de nouveau projet en Russie et qu’il « condamne l’agression militaire de la Russie envers l’Ukraine ». L’attitude de Total a surpris dans le monde de l’énergie, où plusieurs observateurs soulignent que l’entreprise bénéficie dans de nombreux pays du soutien de la diplomatie et du renseignement français, notamment dans des zones de conflit comme le Mozambique ou le Yémen.

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