Soulagement pour Tesla: le constructeur américain a reçu vendredi l’agrément final pour lancer la production de véhicules électriques dans sa première « méga-usine » européenne, près de Berlin, après de nombreuses péripéties administratives.
L’autorisation tant attendue a été notifiée par les autorités du Brandebourg, la région voisine de Berlin.
Elle met un terme à un feuilleton administratif et judiciaire ayant retardé le démarrage de l’usine située au sud de la capitale, à Grünheide, initialement prévu pour l’été 2021.
Il manquait en effet à Tesla un permis de construire définitif, le groupe ayant fait le pari de lancer les travaux sur la base d’autorisations provisoires.
La première « gigafactory » d’Elon Musk sur le continent européen s’étend sur 300 hectares. A terme, 500.000 véhicules -les Tesla Model Y, des SUV 100% électriques- devraient sortir des chaînes chaque année.
Le constructeur, qui a fabriqué près d’un million de voitures l’an dernier, compte sur ce nouveau site pour augmenter sa capacité de production et répondre à la demande croissante « qui se traduit actuellement par des retards de 5 à 6 mois pour les modèles Y », observaient récemment les analystes de la société Wedbush.
L’arrivée, au pays de Volkswagen et Mercedes, de leur principal rival dans la course à la voiture électrique s’annonce comme un électrochoc pour l’industrie automobile allemande.
-Lézards protégés-
Herbert Diess, la patron de Volkswagen qui ne cache pas sa fascination pour Tesla, s’inquiétait il y a peu que l’Américain puisse fabriquer à Grünheide une voiture en dix heures, quand la principale usine électrique du géant allemand y passe actuellement encore « plus de 30 heures ».
Ce n’est sans doute pas un hasard si Volkswagen a officialisé vendredi un investissement de deux milliards d’euros pour construire une nouvelle usine de voitures électriques près de son siège historique de Wolfsburg, avec ouverture prévue en 2026.
« Le début de la production de Tesla est un tournant pour l’Allemagne », estime l’expert automobile Ferdinand Dudenhöffer.
Installée sur le territoire de l’ancienne Allemagne de l’Est, l’usine Tesla est « une bonne nouvelle pour l’économie allemande », a salué la Chambre allemande de commerce et d’industrie (DIHK). « En moins de trois ans, un projet d’investissement de plusieurs milliards d’euros a été lancé et construit ».
Le chantier a pourtant dû affronter l’opposition de certaines associations, inquiètes de l’impact écologique du site.
La justice a ordonné à plusieurs reprises la suspension des travaux, notamment pour analyser l’impact sur l’habitat naturel d’espèces protégées de lézards et de serpents.
La consommation d’eau de la future usine est aussi en cause: elle est située dans des localités déjà en tension, touchées ces trois dernières années par des sécheresses estivales.
Ces inquiétudes ont retardé la délivrance du permis définitif. Les autorités administratives ont dû étudier scrupuleusement l’ensemble du dossier, « une tâche colossale », ont-elles commenté vendredi en présentant l’autorisation qui compte pas moins de 400 pages.
D’autant que Tesla a modifié plusieurs fois sa demande d’agrément, ajoutant au projet la construction à venir d’une usine géante de batteries.
Les critiques ont été balayées par Elon Musk, venu régulièrement superviser le chantier. Si la concurrence s’exacerbe sur le créneau disputé de la voiture électrique, Tesla continue de dominer ce marché et son système de production incluant la maîtrise du logiciel et du système de batterie fait référence.
– Comité d’entreprise –
L’usine berlinoise a déjà commencé à tester « la fabrication d’un nombre limité » de voitures. La production en série devrait débuter prochainement.
Le groupe américain devra encore s’adapter au contexte local: il a déjà dû accepter -à contrecœur- l’instauration d’un comité d’entreprise, acteur central du modèle syndical allemand de « cogestion », qui donne de nombreux pouvoirs de décision aux salariés.
Les élections des représentants, qui se sont tenues fin février, ont toutefois permis à la liste « Gigavoice », proche de la direction, de l’emporter.
L’usine emploie actuellement entre 2.500 et 3.000 salariés, selon des sources syndicales. Il s’agit essentiellement de cadres, à ce stade.
Elle devrait compter à terme 12.000 personnes, selon la presse allemande, un chiffre non confirmé par Tesla.
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