L’opération militaire annoncée par le président russe Vladimir Poutine en Ukraine, jeudi matin 24 février à l’aube, a été dénoncée, depuis Washington, par son homologue américain Joe Biden comme une « attaque injustifiée ». Cette offensive provoquera « des souffrances et des pertes humaines catastrophiques », selon la Maison Blanche.
Mais l’intervention de la Russie en Ukraine ne date pas d’aujourd’hui, ni même de 2014, lorsque la guerre, déjà bien réelle, a éclaté sur le territoire du Donbass entre les séparatistes prorusses soutenus par Moscou et l’armée ukrainienne.
Ingérences, pressions, cyberattaques, intrusions militaires, violations des frontières et des traités, prises d’otages, captation de la mer d’Azov, jusqu’à la reconnaissance aujourd’hui de l’indépendance des républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk, c’est un assaut permanent qu’a engagé Vladimir Poutine depuis des années contre le pays voisin de la Russie « qui n’existe pas ».
Avant même son arrivée au pouvoir, en 2000, le chef du Kremlin livrait déjà sa vision des choses sur les « cadeaux » que la Russie, héritière revendiquée de l’ex-URSS, aurait abandonnés aux anciennes républiques soviétiques. En 1994, alors qu’il n’était encore que l’adjoint du maire de Saint-Pétersbourg, Anatoli Sobtchak, il avait ainsi évoqué, lors d’un obscur colloque, la perte de « territoires gigantesques », en citant, au passage, notamment, la Crimée. Vingt ans plus tard, la péninsule ukrainienne était annexée par la Russie. Poutine n’improvise pas. Il adapte sa stratégie, planifiée, aux circonstances.
Perçue comme une récrimination « paranoïaque », sa vision sur l’Ukraine exposée lundi 21 février, devant son Conseil de sécurité, puis à la télévision – une « création de Vladimir Ilitch Lénine », comme il l’a affirmé –, s’inscrit dans un discours pourtant bien rodé qui a infusé, jusqu’à s’incarner dans une réalité tragique, étape après étape.
La première a eu lieu en 2004, lors de l’élection présidentielle ukrainienne, qui oppose Viktor Iouchtchenko et Viktor Ianoukovitch dans un climat délétère, sur fond de soupçon d’empoisonnement du premier, tandis que la victoire annoncée du second, soutenu par Moscou, déclenche de gigantesques manifestations. La « révolution orange », couleur arborée par les partisans de Iouchtchenko, aboutit in fine à sa victoire après l’organisation d’un nouveau vote. Ianoukovitch est défait, mais pour un temps seulement.
Pour Vladimir Poutine, le fait que l’Ukraine, avec ses 603 000 kilomètres carrés et ses 44 millions d’habitants (18 % de la population de l’ex-URSS), se rapproche des Occidentaux n’est pas concevable. La révolution de couleur qui s’achève alors, attribuée à l’Occident, appelle à une revanche.
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