C’est un autre dommage collatéral de la crise ukrainienne. Minime au regard des mouvements sur le terrain. La gauche française a une nouvelle fois trouvé matière à se scinder en deux camps. Depuis mardi, Yannick Jadot et Anne Hidalgo entretiennent en effet un feu nourri à l’égard de Jean-Luc Mélenchon, l’accusant d’indulgence vis-à-vis de Vladimir Poutine. A l’heure où le candidat de l’union populaire les devance dans les sondages, ces derniers s’appliquent à le présenter en homme dangereux. Et à cultiver leur stature de défenseur du fédéralisme et des libertés fondamentales pour l’un, de femme d’Etat et fervente européenne pour l’autre.
Tous trois s’accordent, pourtant, pour dénoncer l’échec d’une certaine « diplomatie de l’image » d’Emmanuel Macron, ses mises en scène successives au cours du quinquennat, de la poignée de main à Donald Trump au coup de menton contre Erdogan pour finir par cette médiation désavouée par Vladimir Poutine.
Mais la volonté de diplomatie « non alignée » de M. Mélenchon, son extrême méfiance vis-à-vis des Etats-Unis, le distingue. En font même un « prorusse » pour ses concurrents. Depuis mardi, le candidat développe un discours en deux temps. Admettre d’un côté, que la reconnaissance par la Russie de deux républiques séparatistes du Donbass, constitue une « violation de l’intégralité territoriale de l’Ukraine », jugée « inadmissible ». Expliquer, ensuite, que « les Russes vraisemblablement se sont dit que l’OTAN [Organisation du traité de l’Atlantique nord] viendrait en Ukraine, et que c’était plus facile d’absorber maintenant, tant qu’il n’y a pas d’OTAN, que demain, quand il y aura l’OTAN ». M. Mélenchon réfute l’efficacité de sanctions, même s’il convient qu’« il faut qu’il y en ait », et appelle à la tenue d’une « conférence des frontières » dans le cadre de l’OSCE (Europe, Etats-Unis, Russie, Asie centrale).
« Un certain relativisme sur les libertés fondamentales »
Ce discours conjuguant condamnation et explication prête le flanc aux attaques. Interrogé à ce sujet, Yannick Jadot a lancé mardi, devant l’ambassade russe à Paris :
« Certains se trompent d’analyse, se cachent derrière un certain relativisme sur les libertés fondamentales et la démocratie, dangereux dans cette période. »
Anne Hidalgo, favorable à une politique européenne de sécurité et de défense et un dialogue politique entre l’Union européenne et la Russie a encore davantage dramatisé ces différences. Dans une « déclaration solennelle » mercredi, elle a assimilé M. Mélenchon aux deux candidats d’extrême droite. « Marine Le Pen, Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, renversent les rôles et se font les complices des nationalistes agressifs et des impérialistes. Il faut dénoncer ces discours », a-t-elle déclaré.
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