LETTRE DE BANGKOK
Capture d’écran d’une vidéo postée sur la chaîne YouTube du président indonésien montrant des images de synthèse de la nouvelle capitale Nusantara. CAPTURE D’ECRAN YOUTUBE
Adieu, Djakarta, congestionnée et polluée jusqu’au tréfonds de ses entrailles : l’Indonésie va se doter d’une nouvelle capitale, verte et high-tech, du nom de Nusantara, un mot tiré du sanskrit qui signifie « archipel ». Comme pour Brasilia dans les années 1960, ou Naypyidaw, la nouvelle capitale birmane voulue par les généraux, l’idée est d’y déplacer les fonctions administratives, le palais présidentiel et près de 1,5 million de fonctionnaires. Et ainsi de décentraliser, ou plutôt « déjavaniser », les instances de décision de ce pays archipel de 270 millions d’âmes et 8 000 îles habitées.
Nusantara sera érigée à 2 000 kilomètres de Djakarta, sur l’île de Borneo, dans le Kalimantan oriental, l’une des quatre provinces indonésiennes de cette immense île, dont la Malaisie et le sultanat de Brunei occupent la partie septentrionale. Elle sera à l’intérieur des terres, à deux heures de route de Balikpapan, une ville portuaire enrichie par l’industrie des hydrocarbures. Annoncé en 2019 par le président indonésien, Joko Widodo, après sa réélection, puis passé au second plan en raison de la crise liée au Covid-19, le projet de la nouvelle capitale a été approuvé en un temps record par le Parlement, le mois dernier.
Une métropole de 256 000 hectares
L’ancien fabricant de meubles javanais, qui fut gouverneur de Djakarta avant d’être élu président en 2014, veut faire de Nusantara le symbole de la transformation de l’Indonésie en un pays développé, avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2060. « Nous utiliserons la capitale Nusantara comme vitrine, que ce soit en matière d’environnement, de méthodes de travail, de base économique, de technologie, ainsi que de services de santé et d’éducation de meilleure qualité », a récemment déclaré Joko Widodo, lors d’un forum pour l’investissement organisé par la banque indonésienne Mandiri. Le cœur administratif de Nusantara, soit 6 600 hectares, sera au centre du futur « Grand Nusantara », un ensemble métropolitain de 256 000 hectares appelé « zone stratégique nationale » qui englobera Balikpapan, mais aussi Samarinda, la capitale de la province du Kalimantan oriental et son cœur culturel.
Nusantara sera construite par phases, jusqu’en 2045, pour un coût estimé à 28 milliards d’euros que l’Etat risque de prendre en charge davantage que prévu : en 2019, « Jokowi », comme est surnommé le président, avait promis de faire la part belle aux investisseurs privés, citant le vif intérêt pour le projet du patron de Softbank, le Japonais Masayoshi Son, et du prince Mohammed Ben Zayed Al Nahyane, d’Abu Dhabi. L’Etat indonésien espérait ainsi ne régler que 19 % de la facture. Le Covid-19 étant passé par-là, la part financière de l’Etat dans les grands travaux a été réévaluée à 50 % sur le site Web consacré à la nouvelle capitale, avant que l’information ne disparaisse, a rapporté le site japonais d’information économique Nikkei Asia.
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