Les Etats-Unis et la Russie se confrontent, mais chacun sur son terrain. Moscou a placé le monde devant le fait accompli, en reconnaissant les deux « républiques » autoproclamées du Donbass ukrainien. Washington, de son côté, a fait savoir de longue date qu’il ne s’engagerait pas dans un conflit militaire, aux conséquences imprévisibles. En revanche, l’administration Biden a décidé d’utiliser un autre attribut de puissance et de souveraineté pour répondre à la Russie : le dollar. « Près de 80 % des transactions quotidiennes en devises de la Russie sont en dollars et près de la moitié du commerce international de la Russie est conduite en dollars », rappelle la Maison Blanche dans une note publique.
Au lendemain de l’introduction de sanctions centrées sur les investissements et le commerce avec le Donbass, Joe Biden a annoncé, mardi 22 février, une « première tranche » de mesures économiques visant directement à la Russie. Au-delà du gel du gazoduc Nord Stream 2, dont Washington semble revendiquer la paternité au même titre que l’Allemagne, les Etats-Unis pèsent chaque annonce au trébuchet.
Evoquées depuis des mois, certaines mesures restent en réserve. Pour l’heure, pas question d’interdire les exportations vers la Russie d’équipements avec des composants américains, ou bien de déconnecter ce pays du système d’informations financières Swift, ce qui aurait des effets redoutables pour les entreprises occidentales. Dans cette crise, tout a un prix : les actions militaires russes, comme les réponses européennes et américaines. Chaque décision est un témoignage de détermination et un message à l’autre partie.
« Au nom du ciel, d’où est-ce que Poutine pense tenir le droit de reconnaître de soi-disant nouveaux pays sur un territoire appartenant à ses voisins ? Il s’agit d’une violation flagrante du droit international, exigeant une réponse ferme de la communauté internationale », a déclaré le président américain. De son côté, le secrétaire d’Etat Antony Blinken, qui recevait son homologue ukrainien Dmytro Kuleba, a estimé qu’on était en présence de « la plus grave menace pour la sécurité en Europe depuis la seconde guerre mondiale ». Le ministre ukrainien n’a pas émis de critiques contre la stratégie américaine, mais il a évacué les considérations sur les différents niveaux de gravité des actions russes. « Ça n’existe pas, une invasion mineure, moyenne ou majeure. Une invasion est une invasion. »
Laisser un filet de lumière à la diplomatie
Washington insiste sur le fait que les sanctions ne constituent pas une finalité. Il s’agit de laisser un filet de lumière à la diplomatie. Mais Vladimir Poutine lui-même rend les choix plus simples en déchirant les accords de Minsk et en exprimant à voix haute sa négation de l’Ukraine comme pays souverain. Le secrétaire d’Etat Antony Blinken a donc logiquement annulé sa rencontre prévue avec son homologue Sergueï Lavrov à Genève, jeudi. Aucune rencontre entre le président américain et Vladimir Poutine n’est plus envisagée.
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