Cette période d’entre-deux politique se double d’un petit coup de blues économique. Moins affectée par la crise sanitaire que ses voisines, la machine économique allemande a redémarré plus poussivement, au point de s’être trouvée, une fois n’est pas coutume, à la traîne de ses partenaires en 2021, notamment de la France, locomotive, avec ses 7% de croissance. Pour cette année, les prévisions d’octobre à 4,1% ont même dû être revues à la baisse à 3,6 % par le nouveau ministre de l’Economie Robert Habeck. L’Allemagne manque de souffle et le nouveau chancelier Scholz peine à trouver ses marques alors que l’activité post-Covid reprend poussivement. Plus lentement en tout cas que chez les voisins.
Modèle en panne
Le modèle allemand, industriel et exportateur (avec un excédent commercial de 173,3 milliards d’euros en 2021) souffre particulièrement des pénuries et dérèglements d’approvisionnement persistants. Manquent des composants électroniques, des matières premières comme le bois, des minerais rares, tel le silicium ou, depuis quelques mois, le magnésium – produit de base pour produire de l’aluminium, indispensable à la fabrication des voitures et des avions, deux stars des exports. Economiste au syndicat de l’automobile, Manuel Kallweit se désole : « Les carnets de commandes n’ont jamais été aussi remplis depuis la réunification! Et on est coincé… »
La Chine, premier partenaire
Berlin pâtit aussi des difficultés de son premier partenaire commercial, la Chine, dont la politique drastique du « zéro Covid » paralyse des pans entiers de son économie. Expert à la Deutsche Bank, Stefan Schneider rappelle que « les constructeurs automobiles allemands y réalisent entre 30 et 40 % de leur chiffre d’affaires, sans parler des secteurs de la mécanique et de l’électronique. » Pour ajouter à la morosité, les employeurs outre-Rhin se plaignent de pénuries de main-d’œuvre et de tarifs de l’énergie qui s’envolent, ce qui est extrêmement pénalisant dans l’industrie, énergivore, et fait grimper l’inflation. A 3,1% en 2021 et 3,7% attendus en 2022, elle n’a jamais été aussi élevée depuis trente ans.
Optimisme persistant
Malgré tout, quelques signaux positifs pointent. Le moral des patrons repart à la hausse dans les enquêtes des instituts économiques, l’IFO de Munich et le Zew de Mannheim, dont le président Achim Wambach anticipe « une amélioration lente à partir du printemps ». Côté ménages, l’optimisme devrait être dopé grâce à une promesse de campagne du chancelier Scholz : le salaire minimum passera le 1er octobre de 9,82 euros à 12 euros l’heure. Une hausse qui devrait bénéficier à quelque 7 millions de salariés. Même le patronat salue cette mesure, qui dopera la consommation et attirera, espère-t-il, davantage de travailleurs qualifiés, y compris de l’étranger. Mi-février, 43% des Allemands seulement étaient satisfaits du travail de leur chancelier. Scholz se consolera en se rappelant que lorsqu’elle est arrivée au pouvoir, en 2005, Angela Merkel était moquée pour son manque de charisme et l’Allemagne surnommée « l’homme malade de l’Europe ».
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