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A l’Assemblée nationale, un débat à contretemps sur l’engagement de la France au Sahel, sur fond de crise avec la Russie

Déclaration du premier ministre, Jean Castex, relative à l’engagement de la France au Sahel, à l’Assemblée nationale, mardi 22 février 2022. CYRIL BITTON / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »

Un revers diplomatique et militaire en débat devant la représentation nationale. Cinq jours après l’annonce du retrait des troupes françaises au Mali par Emmanuel Macron, les députés ont eu l’occasion d’exprimer leurs interrogations et leurs critiques sur la stratégie française menée durant neuf ans, pour lutter contre l’avancée des forces djihadistes au Sahel, dans le cadre des opérations « Serval » puis « Barkhane ». « Cette décision a été prise collégialement (…) aussi bien avec nos alliés africains qu’européens », a assuré le premier ministre, Jean Castex, mardi 22 février.

Devant un Hémicycle clairsemé, ces déclarations tenues en vertu de l’article 50-1 de la Constitution avaient tout l’air d’un acte symbolique, le débat ne se concluant pas par un vote. Le même exercice devait avoir lieu au Sénat mercredi. « Quitter le Mali, ce n’est pas, ce ne doit pas être quitter le Sahel », a averti le président de la commission des affaires étrangères, Jean-Louis Bourlanges (MoDem, Hauts-de-Seine). Une vingtaine de prises de parole des élus d’oppositions et de la majorité se sont succédé, avec de vifs hommages rendus aux 59 soldats français morts au combat ou par accident au Sahel.

Après l’annonce officielle du retrait, jeudi 17 février, les oppositions n’avaient pas hésité à parler de « camouflet » diplomatique et même d’une « humiliation ». L’expulsion de l’ambassadeur français au Mali, le 31 janvier, avait précipité la fin du dialogue avec la junte au pouvoir du colonel Assimi Goïta. Une relation déjà compromise depuis les deux coups d’Etat d’août 2020 et mai 2021. « Cette absence de réactivité nous place dans une situation extrêmement critique, tant pour la sécurité de nos militaires que pour la poursuite des opérations », a dénoncé le député Les Républicains (LR) de Seine-Saint-Denis, François Cornut-Gentille.

« Incompréhension totale du terrain »

Alors que les autorités maliennes ont demandé le retrait « sans délai » des soldats français, Emmanuel Macron a annoncé un plan de départ d’une durée de quatre à six mois avec l’évacuation de plusieurs bases militaires et le repli d’une partie des troupes au Niger. « Le redéploiement des troupes françaises dans les Etats voisins du Mali est une nouvelle preuve de votre incompréhension totale du terrain », a réagi le député communiste de Seine-Maritime, Jean-Paul Lecoq. Comme d’autres de ses collègues, la députée Frédérique Dumas (Libertés et Territoires, Hauts-de-Seine) a mis en cause la « fragilité » du pouvoir du président nigérien Mohamed Bazoum.

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