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Rafles, insultes, violences… Le traitement des étudiants subsahariens empire en Tunisie

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Un cliché de face et de profil, comme dans les films américains. Ainsi s’est terminée l’étrange interpellation de Modeste Meto, arrêté en plein jour à Tunis le 1er février. Venu étudier l’informatique de gestion pour compléter sa formation, le Béninois de 25 ans a eu l’impression d’être traité « comme un grand criminel ». Jusque-là, il avait surtout fait l’expérience du racisme ordinaire, de ces « Dégage ! » lancés par des inconnus et du mépris des passagers qui refusent de s’asseoir à côté de lui dans le bus. Mais jamais encore on ne l’avait raflé.

Le jeune homme était au téléphone dans une rue du quartier de L’Ariana à Tunis, quand un agent l’a interpellé pour lui demander ses papiers, avant de lui intimer l’ordre de rejoindre d’autres Subsahariens entassés dans un fourgon de police. Au poste, vingt-cinq autres Noirs attendent déjà. « Tous ceux à qui j’ai parlé étaient des étudiants, en règle », précise le Béninois. Après un prélèvement salivaire et la prise de ses empreintes digitales, un agent le photographie avec une pancarte où figurent son nom écrit en arabe et sa date de naissance. Il doit ensuite signer un document entièrement rédigé en arabe pour récupérer son passeport.

Mais pourquoi Modeste Meto a-t-il été arrêté ? Sollicitées par l’Association des stagiaires et étudiants africains en Tunisie (AESAT), les autorités se bornent à évoquer « un fichage ». Pourtant, d’après Christian Brice Kwongang, le président de l’AESAT, de nombreuses rafles de ce genre ont eu lieu en février. « Les étudiants sont interpellés parfois devant leurs universités, dans des cafés. Ça dure depuis la mi-décembre 2021, mais le phénomène s’est accéléré. Beaucoup d’étudiants n’osent plus sortir de chez eux », dit-il, ajoutant que des cas similaires ont également été enregistrés dans les villes côtières de Mahdia, Sousse et Monastir.

Des ONG comme l’Association tunisienne de soutien aux minorités (ATSM) ont dénoncé ces « arrestations arbitraires » qui concerneraient près de 300 jeunes Subsahariens. Selon la directrice pays de Terre d’asile en Tunisie, Sherifa Riahi, les autorités se justifient officieusement en évoquant « un recensement », car le nombre de Subsahariens présents sur le territoire ne correspond pas aux chiffres de la police des frontières. « Si cette version est vraie, c’est une façon de faire très bizarre. Nous sommes dans une violation des droits et une atteinte à la dignité humaine », commente la militante. Contacté par Le Monde, le ministère de l’intérieur n’a pas donné suite.

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