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Crise ukrainienne : l’Occident annonce les premières sanctions contre Moscou

Pose d’une conduite de gaz, à Lubmin, dans le nord-est de l’Allemagne, en mars 2019. TOBIAS SCHWARZ / AFP

Après la reconnaissance de l’indépendance de régions séparatistes en Ukraine par la Russie, où celle-ci compte déployer des soldats, les pays occidentaux ont promis, mardi 22 février, de lourdes sanctions contre Moscou.

Après de longues hésitations, l’Allemagne a fini par céder, en suspendant le gazoduc Nord Stream 2, projet-phare pour Berlin comme pour Vladimir Poutine. Le coup d’arrêt, peut-être définitif, à ce chantier pharaonique a été donné par le chancelier allemand lui-même.

« Nous devons réévaluer la situation, en particulier en ce qui concerne Nord Stream 2 », a déclaré Olaf Scholz lors d’une conférence de presse, ajoutant que le ministère de l’économie allait réexaminer le processus de certification compte tenu des actions de la Russie.

Le projet Nord Stream 2, chapeauté par le géant gazier public russe Gazprom et financé en partie par des compagnies énergétiques européennes, dont l’allemand Uniper et le français Engie, est censé permettre à la Russie de fournir à l’Allemagne deux fois plus de gaz tout en contournant l’Ukraine. Nord Stream 2 relie la Russie à l’Allemagne via un tube de 1 230 kilomètres sous la mer Baltique d’une capacité de 55 milliards de mètres cubes de gaz par an, sur le même parcours que son jumeau Nord Stream 1, opérationnel depuis 2012.

L’Ukraine satisfaite de cette suspension

Promu par le géant russe Gazprom, le projet, estimé à plus de 10 milliards d’euros, a été cofinancé par cinq groupes européens du secteur de l’énergie. Outre Uniper et Engie, la compagnie pétrolière autrichienne OMV, le producteur de gaz et de pétrole allemand Wintershall Dea et la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell font partie de ses financeurs. L’Allemagne est au sein de l’Union européenne le principal promoteur du gazoduc, qui, selon elle, l’aidera à accomplir la transition énergétique dans laquelle elle s’est engagée, tout en faisant de son territoire un hub gazier européen.

L’Ukraine, au premier chef, craignait de perdre les revenus qu’elle tire du transit du gaz russe et d’être plus vulnérable vis-à-vis de Moscou. Son président, Vlodymyr Zelensky, a réitéré mardi matin son appel à un arrêt « immédiat » du projet. Son chef de la diplomatie s’est félicité de la suspension, « politiquement et moralement justifiée ».

Sur Twitter, Dmitri Medvedev, le vice-président du conseil de sécurité de Russie a ironisé : « Bienvenue dans un nouveau monde où les Européens paieront bientôt 2 000 euros le mètre cube de gaz ! »

Deutschlands Bundeskanzler Olaf Scholz hat den Stopp der Zertifizierung der Gaspipeline Nord Stream 2 angeordnet. N… https://t.co/cmjPssQgSe

— MedvedevRussiaE (@Dmitry Medvedev)

Londres sanctionne cinq banques et trois personnalités russes

Washington a salué, mardi, la décision de Berlin et annoncé de nouvelles mesures. « Le président a clairement indiqué que si la Russie envahissait l’Ukraine, nous agirions avec l’Allemagne pour faire en sorte que Nord Stream 2 ne soit pas mis en fonction. Nous avons été en étroite consultation avec l’Allemagne cette nuit et nous félicitons son annonce. Nous prendrons nos propres mesures aujourd’hui », a affirmé Jen Psaki, la porte-parole de Joe Biden, sur Twitter.

Quelques heures après le discours de Vladimir Poutine lundi, Washington avait dévoilé de premières sanctions limitées, visant spécifiquement les territoires séparatistes de Donetsk et Lougansk. Via un décret, Joe Biden a interdit tout nouvel investissement, négoce ou financement par des personnes américaines à destination, en provenance ou à l’intérieur de ces zones prorusses.

Une première série de sanctions européennes contre la Russie sera présentée dans l’après-midi après une réunion informelle extraordinaire des ministres des affaires étrangères de l’Union européenne, ont annoncé mardi dans un communiqué conjoint la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen, Charles Michel.

A Londres, le premier ministre britannique, Boris Johnson, a annoncé ses premières sanctions : « Aujourd’hui, le Royaume-Uni sanctionne les cinq banques russes suivantes : Rossiya, IS Bank, General Bank, Promsvyazbank et Black Sea Bank, et nous sanctionnons trois individus disposant d’une très importante fortune », a dit le chef du gouvernement au Parlement. « Il s’agit de la première tranche, du premier barrage de ce que nous sommes prêts à faire. »

Parmi les trois personnes sanctionnées figurent l’homme d’affaires Guennadi Timtchenko, un proche de Vladimir Poutine. « Tous les actifs qu’ils détiennent au Royaume-Uni seront gelés et les individus concernés se verront interdire tout voyage ici », a précisé Boris Johnson.

Le Monde avec AFP et Reuters

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