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Récit« Rivaux en puissance » (2/6). « Le Monde » revient, dans une série en six volets, sur les événements marquants de l’histoire tumultueuse entre Pékin et Washington. En 1979, le nouvel homme fort du régime chinois, invité aux Etats-Unis par le président Carter, ne ménage pas sa peine : en neuf jours, le dirigeant de 74 ans aura prononcé 22 discours, participé à 20 réceptions et répondu à 8 conférences de presse.
Dans une Chine qui, pourtant, n’aime rien tant que les commémorations, le quarantième anniversaire du voyage de Deng Xiaoping aux Etats-Unis n’a donné lieu, en 2019, à aucun événement majeur ni à aucune publication. La première visite à Washington d’un de ses dirigeants ne figure même pas dans l’ouvrage officiel publié en 2021 à l’occasion du centenaire du Parti communiste chinois. Tout juste y lit-on qu’en décembre 1978 la République populaire de Chine et les Etats-Unis ont décidé d’établir des relations diplomatiques. Comme s’il ne s’agissait que d’une simple formalité.
Six années ont passé depuis la visite en Chine de Richard Nixon, en 1972, et le fameux communiqué de Shanghaï établissant qu’« il n’y a qu’une seule Chine » et que « Taïwan est une partie de la Chine ». Entre-temps, le scandale du Watergate, la détente avec l’Union soviétique et la poursuite de la Révolution culturelle ont relégué le rapprochement sino-américain au second plan. En revanche, la mort de Mao, en 1976, la volonté de Deng Xiaoping d’ouvrir la Chine sur le monde et l’arrivée à la Maison Blanche, en janvier 1978, d’un président démocrate créent une nouvelle dynamique.
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Comme représentant à Pékin, Jimmy Carter nomme non pas un diplomate – il juge le département d’Etat bien trop proche du Washington Post pour garder secrète la négociation qu’il veut relancer avec Pékin –, mais un syndicaliste : Leonard Woodcock, ancien président du puissant syndicat de l’automobile United Auto Workers. C’est lui qui, durant six mois, négociera pied à pied avec les dirigeants chinois pour aboutir, le 14 décembre 1978, à un compromis, y compris sur la question la plus épineuse : Taïwan.
Leadership renforcé
Lu solennellement à la télévision par le président Carter, le 15 décembre 1978, à 21 heures, et au même moment (soit le 16 décembre, à 10 heures) à Pékin par le premier ministre, Hua Guofeng, lors d’une conférence de presse, ce « communiqué commun » est d’une importance capitale. Il n’annonce rien de moins qu’une reconnaissance mutuelle des deux pays et l’établissement de relations diplomatiques le 1er janvier suivant. « Les Etats-Unis reconnaissent le gouvernement de la République populaire de Chine comme le seul gouvernement légal de Chine. Dans ce contexte, les Américains maintiendront des relations culturelles, commerciales et autres [relations] non officielles avec les Taïwanais. » Conséquence : Washington rompt les relations diplomatiques avec Taïwan et le traité de défense qui lie les Etats-Unis et l’île depuis 1955 prendra fin en 1979.
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