Tous les feux sont braqués sur l’Uttar Pradesh, considéré comme le baromètre de la vie politique nationale indienne. Cet Etat, le plus peuplé du pays (230 millions d’habitants) et l’un des plus pauvres, renouvelle son Assemblée régionale dans le cadre d’élections législatives qui se déroulent en sept phases : l’« UP », comme on dit en Inde, est si grand que les opérations de vote s’échelonnent du 10 février au 10 mars. Les électeurs de quatre autres Etats de l’Union indienne se rendent également aux urnes : l’Uttarakhand, Goa, le Manipur et le Pendjab.
Ce scrutin constitue un test grandeur nature pour le premier ministre, Narendra Modi, à deux ans des élections générales, prévues en 2024. L’Uttar Pradesh, qui compte des villes sacrées au bord du Gange ou de la Yamuna, comme Bénarès, Mathura ou Ayodhya, est l’Etat qui envoie le plus d’élus au Parlement national : quatre-vingts députés sur 544. Par comparaison, un autre Etat comme le Maharasthra, dont la capitale est Bombay, n’en pourvoit que quarante-huit. Pour garantir son maintien au pouvoir, Narendra Modi a donc besoin de remporter une nette victoire dans l’UP.
« L’Uttar Pradesh a toujours eu une signification particulière et pèse plus que toute autre sur la politique nationale. Ce qui se joue dans cet Etat concerne le pays dans son ensemble, c’est beaucoup plus qu’une scène régionale », analyse Gilles Verniers, professeur de science politique à l’université Ashoka, près de Delhi. Signe de son importance : l’Uttar Pradesh a donné sept premiers ministres au pays, dont Modi, élu deux fois député de la circonscription de Varanasi (Bénarès).
L’enjeu est tel que, selon l’Hindustan Times, l’un des principaux quotidiens indiens, « le 10 mars 2022 pourrait bien figurer parmi les jours les plus importants de l’histoire politique contemporaine de l’Inde. C’est un jour qui définira l’avenir politique immédiat du pays, et qui dessinera les contours de 2024. »
En 2017, le Bharatiya Janata Party (le Parti du peuple indien, BJP), la formation de Narendra Modi, avait remporté une victoire éclatante en séduisant non seulement les hautes castes, mais aussi les castes inférieures. Le premier ministre avait alors décidé, à la surprise générale, de placer à la tête de l’Etat un moine hindou extrémiste, Yogi Adityanath, qui se positionne à la fois en chef politique et religieux. Ce célibataire de 48 ans est le chef du monastère de Gorakhpur, sa circonscription électorale.
Sur le plan politique, il a fait de l’Uttar Pradesh un laboratoire de l’hindutva, une idéologie suprémaciste théorisée dans les années 1920, qui prône la supériorité des hindous sur les croyants des autres religions, en particulier de l’islam. Son slogan de campagne, « 80 % de la population contre 20 % de criminels », vise sans les nommer les musulmans, qui représentent un cinquième de la population del’Uttar Pradesh.
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