La présidence Trump fut marquée par l’obsession démocrate d’une manipulation russe pour faciliter l’accès du milliardaire au pouvoir. Aujourd’hui, la Russie fait son retour dans la politique intérieure américaine, en raison de la menace militaire pesant sur l’Ukraine. La perspective des élections de mi-mandat, en novembre, inspire les positions critiques de certains républicains, sous la pression d’une base tentée par l’isolationnisme. Mais de façon plus large, cette crise rappelle les paramètres nouveaux de la politique extérieure américaine, plus contraints, et relance le débat classique sur les intérêts vitaux du pays.
La Maison Blanche a indiqué les bornes de son engagement en Europe orientale, en refusant par avance tout déploiement militaire en Ukraine. Elle a choisi d’accélérer les livraisons d’armes défensives à ce pays (650 millions de dollars en 2021), d’organiser une saturation des ondes en dénonçant jour après jour les intentions russes et, enfin, de préparer des sanctions économiques drastiques. Ce dernier point, discuté depuis novembre avec les alliés européens, est particulièrement sensible. D’abord parce qu’on ne peut préjuger de l’efficacité de ces sanctions, dont le détail reste confidentiel. Ensuite, parce qu’elles auraient des répliques importantes sur l’économie américaine et en Europe. Enfin, parce que personne n’aborde publiquement le jour d’après, les contre-mesures russes probables.
La Maison Blanche veut croire à une forme de consensus politique, d’union sacrée sur cette question. « Il s’agit d’une cause qui unit les républicains et les démocrates, a assuré Joe Biden, le 15 février. Et je veux remercier les leaders et les membres du Congrès des deux partis qui ont puissamment parlé en défense de nos principes américains les plus élémentaires, les plus bipartisans. » Il est vrai que les chefs de file du Grand Old Party au Congrès incarnent une ligne traditionnelle, plutôt hostile à la Russie, acquise à la défense du camp transatlantique au nom de valeurs libérales.
Mais le président a aussi averti la population américaine au sujet des sanctions. « Je ne prétendrai pas qu’elles seront indolores. Il pourrait y avoir un impact sur nos prix de l’énergie, nous prenons donc activement des mesures pour soulager la pression sur nos propres marchés de l’énergie et compenser la hausse des prix. »
« Folie bipartisane »
L’inflation a augmenté de 7,5 % en un an, la plus forte hausse depuis 1982, particulièrement sensible à la pompe et aux caisses des supermarchés. A cela s’ajoute un épuisement général provoqué par la pandémie de Covid-19. Ce sont là deux explications majeures des sondages catastrophiques : un Américain sur trois seulement approuve l’action du président, alors même que le taux de chômage a chuté abruptement (4 %) et que la croissance paraît solide.
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