Les tensions restent vives dans l’est de l’Ukraine, mais toutes les parties se sont accordées, dimanche 20 février, sur la nécessité de poursuivre les efforts diplomatiques pour trouver une issue au conflit. Après des échanges téléphoniques séparés avec le président français, Emmanuel Macron, les homologues russe et ukrainien de ce dernier, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, se sont tous deux dits prêts à poursuivre les pourparlers.
Alors que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a répété dimanche que la Russie était « sur le point » d’envahir l’Ukraine, M. Macron a tenté « les derniers efforts possibles et nécessaires pour éviter un conflit majeur en Ukraine », après une rencontre au Kremlin avec Vladimir Poutine le 7 février.
A l’issue de cette conversation téléphonique, « les deux chefs d’Etat, c’est très important, se sont mis d’accord sur la nécessité de rétablir le cessez-le-feu », a expliqué Paris. M. Poutine a dit vouloir « intensifier » les efforts diplomatiques pour régler le conflit dans l’est de l’Ukraine. Les deux dirigeants se sont également dits favorables à la reprise des travaux en « format Normandie » – configuration diplomatique à quatre pays adoptée pendant la guerre du Donbass (Russie, Ukraine, Allemagne, France) – sur la base des récentes propositions ukrainiennes.
« Chaque jour qui passe sans qu’il y ait de guerre est un jour gagné pour la paix. Notre inquiétude est vive, mais nous pensons que les ressources de la diplomatie ne sont pas épuisées. La balle est dans le camp de M. Poutine », selon les conseillers d’Emmanuel Macron.
S’entretenant également avec le président français au téléphone, Volodymyr Zelensky a, lui, dénoncé les « tirs provocateurs » des rebelles parrainés par Moscou. Il a appelé à la reprise des négociations avec la Russie sous l’égide de l’OSCE, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, et à l’instauration d’un « cessez-le-feu immédiat ».
Résurgence des combats dans l’est de l’Ukraine
Des habitants de Debaltseve, dans la région de Donetsk, en Ukraine, prennent le train pour fuir vers la Russie, le 19 février 2022. ALEXEI ALEXANDROV / AP
Dimanche, alors que l’intensité des combats entre l’armée ukrainienne et les séparatistes prorusses redoublait, Vladimir Poutine a mis cette flambée de violences sur le compte de « provocations » ukrainiennes. La veille, les séparatistes ont ordonné l’évacuation des civils et la mobilisation des hommes en état de combattre.
Les Occidentaux redoutent que la résurgence des combats qui émaillent la ligne de front dans l’est de l’Ukraine depuis deux jours ne serve de prétexte à la Russie, qui a massé 150 000 soldats aux frontières ukrainiennes, pour lancer une attaque contre son voisin. Emboîtant le pas aux Etats-Unis et à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), qui ont dit craindre une « attaque de grande ampleur », le premier ministre britannique, Boris Johnson, a assuré dimanche que la Russie préparait « ce qui pourrait être la plus grande guerre en Europe depuis 1945 ».
Des chars lors des exercices militaires conjoints entre la Russie et la Biélorussie, le 19 février 2022. ALEXANDER ZEMLIANICHENKO JR / AP
Plus tôt dimanche, la Biélorussie, alliée de Moscou, avait annoncé que les quelque 30 000 soldats russes présents sur son territoire, selon le décompte des Etats-Unis, et qui devaient partir ce dimanche, resteraient pour d’autres exercices militaires. Cette « inspection des forces » se poursuit, selon Minsk, du fait de la reprise des combats dans l’est de l’Ukraine.
Malgré cette annonce, l’Elysée a insisté sur le fait que Vladimir Poutine avait redit à M. Macron « [son] intention de retirer [ses] troupes » de Biélorussie « au terme des exercices en cours ». « Il va falloir vérifier tout cela, cela peut prendre un peu de temps », a précisé la présidence française.
Biden prêt à rencontrer Poutine
Moscou se défend toujours de tout projet d’invasion de l’Ukraine, mais réclame des garanties pour sa sécurité, dont la promesse que le pays n’intégrera jamais l’OTAN et la fin du renforcement des forces de l’Alliance à ses frontières. Autant de demandes que les Occidentaux ont rejetées.
Vladimir Poutine a encore insisté sur ce point auprès d’Emmanuel Macron dimanche, appelant Washington et l’OTAN à « prendre au sérieux » les demandes russes.
Le président de la République française doit désormais s’entretenir avec le chancelier allemand, Olaf Scholz, et le président des Etats-Unis, Joe Biden, « dans les prochaines heures ». Les chefs des diplomaties russe et français, Sergueï Lavrov et Jean-Yves Le Drian, s’entretiendront lundi, selon Moscou.
Joe Biden a, lui, convoqué son Conseil de sécurité nationale pour une réunion de crise dimanche soir. Le président américain s’est dit, par l’intermédiaire de son secrétaire d’Etat, Antony Blinken, prêt à rencontrer Vladimir Poutine. Signe que la voie diplomatique reste ouverte, MM. Blinken et Lavrov, doivent se rencontrer le 24 février. La diplomatie est possible « jusqu’à ce que les chars soient réellement en mouvement », a déclaré Antony Blinken dimanche.
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