Femme d’affaires à la retraite habitant Hanoï, Nguyen Thuy Hanh, 59 ans, fait partie de ces militants des droits humains qui, depuis des années, s’efforcent de rappeler au parti unique à la tête du Vietnam leur attachement à la démocratie. En réponse, elle subit un harcèlement permanent de la part de la police politique.
Son parcours est emblématique de celui de bien d’autres activistes, comme le détaille un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW), publié jeudi 17 février, sur les restrictions à leur liberté de mouvement par le biais d’assignations à résidence, d’interdictions de se déplacer et de sortir du pays et d’intimidations de toutes sortes. Ce rapport, qui se base sur l’étude de 170 cas, révèle le recours systématique à des méthodes qui se passent le plus souvent de justification formelle, mais remplissent, de manière pragmatique, l’objectif recherché, c’est-à-dire « neutraliser » et « isoler » l’individu concerné pour empêcher toute contestation organisée.
Mme Nguyen s’était en effet déclarée candidate indépendante aux élections parlementaires de 2016, verrouillées par le Parti communiste vietnamien (PCV). Elle fut alors dénoncée comme « réactionnaire » et vit sa candidature rejetée. En 2018, elle lança sur Internet un fonds d’aide aux familles de dissidents, le « 50 K VND » – le fonds à 50 000 dongs, soit 1,95 euro – qui en un an réussit à porter assistance à 200 familles de militants ou pétitionnaires dans le besoin. Jusqu’à ce que l’émotion suscitée par la mort en 2020, sous les balles des policiers, d’un chef de village qui résistait contre les spoliations fit exploser les donations, et lui attira toute une série d’ennuis : des inconnus la bloquèrent chez elle jusqu’après la date des funérailles du villageois et, quand elle put sortir, le compte bancaire du fonds avait été bloqué au motif de « financement du terrorisme ».
Contrôler le discours antichinois
Le rapport de HRW énumère plusieurs méthodes utilisées par les autorités contre les dissidents : le stationnement d’agents de sécurité en civil à l’extérieur des domiciles ; l’utilisation de cadenas extérieurs ou d’adhésif pour enfermer les personnes à domicile, ou empêcher qu’elles ne reçoivent des invités ; la mise en place de barrages routiers et d’autres obstacles physiques pour entraver leurs déplacements ; ou encore, la mobilisation des voyous de quartier pour les intimider. L’assignation forcée à résidence par des gros bras est désignée du nom de « banh canh » – littéralement la « soupe aux gardes » – par les militants.
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