Tribune. Le 6 janvier 2021, une foule d’Américains, encouragés par le président Trump, prenait d’assaut le Congrès, cœur de la démocratie américaine, déclenchant plusieurs heures de violence, suivies en direct par les Américains et le monde tétanisés. L’assaut, préparé par plusieurs groupes organisés, et soutenu par une faction du Parti républicain, entendait empêcher la certification de l’élection du président démocrate Joe Biden, déjà validée par chaque État, conformément à la Constitution américaine.
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Le 15 août 2021, après une campagne de quelques semaines, aboutissement d’une reconquête engagée depuis plus d’un an, les talibans se réinstallaient au pouvoir à Kaboul, accélérant la retraite des troupes américaines et alliées, déclenchant des évacuations dans la panique et la violence.
Vingt ans après le 11-Septembre et le déferlement de violence militaire américaine sur le monde en réponse aux attentats, la débâcle de l’aéroport de Kaboul semblait résumer la succession d’erreurs stratégiques et d’incapacité à comprendre une réalité rétive aux certitudes idéologiques et autres théories de promotion de la démocratie.
Le « vainqueur » du 11-Septembre, c’est la Chine
Entre ces deux événements, un fil conducteur, qui concerne la politique étrangère américaine, de l’hubris au repli face à la prise de conscience de l’ascension chinoise, mais aussi la société américaine, dans un pays profondément transformé par les conséquences des attentats de 2001. Pour la politique étrangère américaine, la chute de Kaboul rappelle d’autres errements tragiques, des prisons clandestines (« sites noirs ») de la CIA à l’invasion irakienne de 2003, de la généralisation de la torture aux révélations de la prison d’Abou Ghraïb.
Le retrait d’Afghanistan doit enfin permettre la concrétisation du « pivot » vers l’Asie, annoncé par Barack Obama, précisé par Donald Trump, entériné par Biden
Le paradoxe des néoconservateurs conseillers de George W. Bush est que leur vision pour mettre à profit le moment unipolaire d’hyperpuissance américaine en a précipité la fin. Deux décennies plus tard, le bilan est colossal et désastreux – mais pas pour tout le monde : comme le disait le journaliste Pierre Haski dans sa chronique-anniversaire, le « vainqueur » du 11-Septembre, c’est la Chine.
Pour les Etats-Unis d’aujourd’hui, le retrait d’Afghanistan doit enfin permettre la concrétisation du « pivot » vers l’Asie, annoncé par Barack Obama, précisé par Donald Trump, entériné par Biden. Contrairement aux Européens, les alliés asiatiques n’ont pas vu, dans la chute de Kaboul, une atteinte à la crédibilité américaine – plutôt la condition de son renforcement face à la Chine.
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