Des manifestants proches du pouvoir en Bolivie ont empêché, vendredi 18 février, l’hospitalisation de l’ex-présidente Jeanine Añez, emprisonnée depuis mars 2021 et en grève de la faim depuis le 9 février, et dont l’hospitalisation a été ordonnée par un juge.
Des centaines de sympathisants du parti présidentiel Mouvement vers le socialisme (MAS, gauche) ont encerclé la prison où se trouve l’ancienne chef de l’Etat (2019-2020) à La Paz en scandant « elle ne va pas sortir ! », « assassin ! », et « trente ans de prison ! »
L’ancienne présidente de 54 ans, qui s’estime « prisonnière politique », devait être « prise en charge en urgence » dans un hôpital de la capitale en raison de la « détérioration de son état santé », selon une ordonnance judiciaire.
« Si nous permettons à un groupe de pression de l’emporter sur la décision d’un juge, alors vraiment nous ne sommes pas dans un Etat de droit », a déclaré son avocat Jorge Valda, sur lequel les manifestants ont jeté des œufs.
Face à cette situation, la directrice de la prison a informé le tribunal de « l’impossibilité matérielle » de transférer Jeanine Añez, et le juge a ordonné aux médecins d’entrer dans la prison pour la soigner « même contre son gré ».
Accusée d’avoir mené un « coup d’Etat »
Les détracteurs de Mme Añez se sont heurtés à la police lorsqu’ils ont tenté de démonter une tente dressée par des partisans de l’ex-présidente de droite qui demandaient sa libération. Les forces de l’ordre ont finalement cédé et la tente a été brûlée. Les partisans de l’ancienne dirigeante se sont alors retirés sous les jets d’œufs des autres manifestants.
Jeanine Añez est accusée d’avoir mené un « coup d’Etat » en novembre 2019 contre l’ex-président de gauche Evo Morales (2006-2019).
Le 12 novembre 2019, la sénatrice conservatrice s’était proclamée présidente par intérim de Bolivie à la faveur d’une vacance du pouvoir provoquée par les démissions en cascade de M. Morales et de ses successeurs constitutionnels : le vice-président, la présidente du Sénat et le président de la Chambre des députés.
Un mois plus tôt, Evo Morales avait affronté une vague de protestation après sa réélection contestée pour un quatrième mandat. Lâché par l’armée et la police, il avait fini par démissionner et s’exiler.
Après un an d’intérim, Mme Añez avait reconnu la victoire de Luis Arce, candidat du MAS et dauphin d’Evo Morales, à la présidentielle d’octobre 2020 et lui avait remis le pouvoir.
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