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Au procès de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, une attaque aussi annoncée qu’improvisée

L’église Sainte-Thérèse de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), lieu de l’attentat du 26 juillet 2016, le 10 février 2022. SAMEER AL-DOUMY / AFP

Le procès de l’attentat de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), durant lequel le père Hamel a été assassiné et un paroissien, Guy Coponet, gravement blessé par deux djihadistes le 26 juillet 2016, est un étrange objet judiciaire, tout en paradoxes.

On juge l’un des attentats les plus retentissants de la décennie 2010 mais dans le box de la cour d’assises spécialement composée de Paris ne se trouvent que trois compagnons de route, exonérés de tout rôle dans l’attaque de l’église. Les deux auteurs, Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean, ont en effet été tués par les forces de police sur-le-champ. Quant à l’instigateur, Rachid Kassim, quatrième accusé dans ce procès, il est présumé mort dans un bombardement aérien en Irak le 10 février 2017.

Autre paradoxe majeur : le caractère inéluctable de cet attentat en regard de l’improvisation de son exécution. Cette contradiction apparente a traversé toute la longue déposition d’un enquêteur de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (SDAT) sur le parcours meurtrier du trio Kermiche-Petitjean-Kassim.

« On ne pouvait rien faire »

Kermiche et Petitjean, 19 ans tous les deux au moment des faits, partagent la volonté contrariée de rejoindre l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie. En mars 2015, Adel Kermiche, dont la famille habite à Saint-Etienne-du-Rouvray, est intercepté en Allemagne. Mis en examen, il est placé sous contrôle judiciaire. Un mois et demi plus tard, il part en Suisse, d’où il embarque pour Istanbul. A l’arrivée, il est immédiatement renvoyé en France, où il est placé en détention.

En mars 2016, il bénéficie d’une libération conditionnelle sous bracelet électronique. En apparence, il respecte les conditions imposées et ne quitte son domicile qu’aux heures autorisées. Un rapport des services de probation mentionne même que « son discours sur la religion ne démontre pas une adhésion à une idéologie extrémiste ».

Mais sur la chaîne Telegram qu’il crée en juin 2016, Al-Haqq wal Dalil (« la vérité et la preuve »), Kermiche se vante de sa « taqiya » (« dissimulation »). Lors de sa déposition, mercredi 16 février, Nicole Klein, préfète de Normandie à l’époque, avait mis en cause la décision de remise en liberté : « Quand on a appris que la juge » avait estimé « qu’il était sorti du prosélytisme, on n’y croyait pas une seconde. Mais on ne pouvait rien faire, à part surveiller ses faits et gestes », a-t-elle regretté.

« Rachid Kassim a été le catalyseur »

Manifestement, la surveillance a été insuffisante. Sur sa chaîne Telegram, Adel Kermiche relaie la propagande de l’EI, justifie l’esclavage, les décapitations filmées, etc. Il forme le projet d’un attentat comme substitut à un départ devenu impossible. Dans un post audio du 26 juin, il assure que « celui qui attaque ici » est « meilleur que celui qui fait la hijra » (« l’émigration en terre d’islam »).

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