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Faute de retrait militaire russe, la fébrilité s’installe autour du sort de l’Ukraine

Des soldats ukrainians gardent un check-point à Kharkiv, dans le sud-est de l’Ukraine, le 17 février 2022. EVGENIY MALOLETKA / AP

L’espoir d’un repli militaire russe massif de la frontière ukrainienne a fait long feu, en dépit d’annonces russes indiquant, vendredi 18 février, « le retour de chars dans leurs bases permanentes ». Près de 150 000 soldats russes demeurent disponibles pour une éventuelle opération militaire. Et, près de la ligne de démarcation entre l’Ukraine et les deux « républiques autoproclamées » de Donetsk et de Louhansk, la journée de jeudi a été particulièrement tendue.

Dans le village de Stanytsia Louhanska, les enfants étaient sur le point de partir en promenade quand un obus s’est abattu sur l’école. Aucun n’a été touché, mais trois adultes ont été blessés. Kiev a incriminé les séparatistes prorusses, lesquels ont accusé les forces ukrainiennes de multiplier les bombardements à l’arme lourde pour susciter une escalade. Le long des 470 kilomètres de la ligne de contact, où vivent quelque 500 000 personnes, une quinzaine de communes ont été touchées par des tirs en une seule journée, selon l’ONG humanitaire Proliska. Jusqu’à présent, seules trois maisons avaient été atteintes depuis le début du mois de février.

« C’est vraiment une escalade. Il n’y avait pas eu de tirs aussi intensifs depuis 2014-2015, affirme au Monde Evgeniy Kapline, le directeur et fondateur de Proliska, à Kharkiv (Est). Les habitants sont paniqués. On reçoit une forte demande d’aide psychologique, et de matériaux pour réparer les maisons. Et les bombardements continuent pendant que l’on se parle. A l’instant, 26 roquettes viennent de tomber sur un autre village », poursuit-il, les yeux rivés sur son écran, entre deux appels. Les bombardements n’ont fait aucun mort, mais deux militaires et cinq civils ont été blessés, selon Kiev. « Les gens sont habitués, ils se réfugient dans les sous-sols, poursuit M. Kapline. Mais du coup, ils s’entassent et se contaminent au Covid-19 [seuls 35 % des Ukrainiens sont vaccinés]. »

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a immédiatement dénoncé une « provocation ». Mardi, Vladimir Poutine avait une nouvelle fois soutenu, contre toute évidence, qu’un « génocide » de la minorité russophone était en cours dans le Donbass et qu’une « majorité de la population russe » soutenait les républiques autoproclamées, comme s’il cherchait à préparer son opinion publique à un nouveau coup d’éclat, après l’annexion de la Crimée, en 2014. « Les violences de ce jeudi sont une surprise car le cessez-le-feu, réaffirmé le 22 décembre, semblait tenir bon sur le terrain malgré les croissantes tensions politiques tout autour », remarque un diplomate impliqué dans le groupe de contact de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Le groupe doit se réunir en urgence vendredi à la demande du gouvernement ukrainien, selon la même source.

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