Séquence désastreuse pour la famille royale britannique : Scotland Yard a confirmé mercredi 16 février, l’ouverture d’une enquête sur les pratiques de la principale œuvre de charité du prince Charles, la Prince’s Foundation. L’annonce arrive le lendemain de celle d’un accord à l’amiable entre Virginia Giuffre et le prince Andrew, qui, si elle épargne à ce dernier le grand déballage d’un procès public pour agression sexuelle, n’a pas pour autant racheté son honneur.
La police du Grand Londres veut tirer au clair les soupçons de « cash-for-honours » (de l’argent contre des honneurs – une transaction illégale en droit britannique) liés à l’organisation de l’héritier du trône. Dans un communiqué, elle explique avoir été alertée par des révélations de presse selon lesquelles l’organisation caritative aurait proposé à un Saoudien fortuné de lui faciliter l’obtention de décorations et de la nationalité britannique. En septembre 2021, le Sunday Times racontait que le milliardaire Mahfouz Marei Mubarak Ben Mahfouz avait versé des dizaines de milliers de livres sterling à des intermédiaires en lien avec la fondation qui lui assuraient qu’ils pouvaient lui obtenir des décorations.
Soupçons de dons contre des décorations
M. Mahfouz a été décoré par le prince Charles du titre de commandeur de l’ordre de l’Empire britannique, « pour services rendus aux associations caritatives britanniques » lors d’une cérémonie privée au palais de Buckingham en novembre 2016. M. Mahfouz a fait d’importantes donations (en tout 1,5 million de livres sterling, environ 1,8 million d’euros) pour des projets de restauration, notamment à Dumfries House, une somptueuse demeure palladienne rachetée par la Prince’s Foundation, et dans la résidence royale de Mey en Ecosse. « Le prince de Galles n’avait pas connaissance des allégations d’offres d’honneurs ou de la nationalité britannique, en échange de donations à son organisation caritative », a assuré un porte-parole du prince Charles mercredi. Michael Fawcett, ex-valet du prince Charles et directeur exécutif de la fondation royale, a démissionné à l’automne 2021.
La cellule de police chargée d’enquêter sur l’affaire de la Prince’s Foundation est celle-là même à qui a été confié le très délicat dossier du « partygate », ces fêtes organisées à Downing Street en plein confinement.
Par ailleurs, la critique monte dans les médias et chez les politiques britanniques concernant les conditions de l’accord à l’amiable signé par le prince Andrew. Qui a réellement avancé les 12 millions de livres sterling consentis par le duc d’York (à en croire le Daily Telegraph) – étant entendu que les contribuables britanniques ne devraient pas avoir à dépenser un pence pour les erreurs d’Andrew ? La députée travailliste Jess Phillips, connue pour son engagement contre les violences faites aux femmes, a par ailleurs trouvé « ridicule » l’engagement pris par le prince d’« aider » les victimes d’abus sexuels.
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