Chronique. Avec la prudence qu’imposent certaines erreurs de jugement passées, essayons tout de même de « faire les comptes » : à ce stade de l’affrontement entre la Russie d’un côté et ce qu’il faut bien appeler l’Occident de l’autre, qui gagne et qui perd ? Etant entendu qu’il ne s’agit que d’une photo instantanée dans une situation évolutive. Le retrait, annoncé mardi 15 février par le Kremlin, d’une partie des troupes russes déployées aux frontières de l’Ukraine reste sujet à caution. Moscou parle de « dialogue » avec les Occidentaux. Mais Vladimir Poutine dénonce, avec insistance, un « génocide » contre les russophones d’Ukraine, qui pourrait servir de prétexte à une opération militaire, même limitée, contre ce pays.
Commençons ce bilan d’étape avec Vladimir Poutine. Sur le mode du « retenez-moi ou je fais un malheur », le président russe, parallèlement aux manœuvres de ses troupes, a présenté aux Occidentaux, en décembre 2021, deux projets de traité sur la sécurité en Europe. La pression armée sur l’Ukraine cesserait dès lors qu’on s’entendrait : 1/sur l’assurance écrite que ni l’Ukraine ni la Géorgie n’entreraient jamais dans l’OTAN et 2/sur le désarmement partiel des pays de l’ex-pacte de Varsovie qui ont adhéré à l’OTAN dans les années 1990. Les alliés transatlantiques ont formulé un non de principe sur le premier point : l’indépendance de l’Ukraine implique sa liberté de choisir ses alliances. Mais Américains et Européens acceptent une large négociation sur l’architecture de sécurité en Europe.
Vladimir Poutine engrange ici les dividendes de ses menaces sur Kiev. D’une part, Paris et Berlin ont rappelé qu’ils s’opposaient toujours à l’entrée des Ukrainiens et des Géorgiens dans l’OTAN. « Ce n’est pas au programme », et pour de longues années encore, a dit, mi-février, le chancelier Olaf Scholz. Ce propos a été tenu à Moscou en présence du président Poutine avec, en toile de fond, la réaffirmation par Joe Biden que les Etats-Unis ne feraient pas la guerre pour l’Ukraine…
L’OTAN marque des points
D’autre part, acceptant de parler à nouveau de l’équilibre des forces, conventionnelles et nucléaires, sur le Vieux Continent, tel qu’il est ressorti des lendemains de l’effondrement de l’URSS, Américains et Européens prennent en compte une revendication dont le Kremlin disait qu’elle était à ce jour restée sans réponse.
Plus largement, Poutine lave l’affront, parfaitement gratuit, que Barack Obama lui avait infligé en disant que la Russie ne faisait plus partie du « club des grands ». Pour Poutine, le statut du pays passe avant, bien avant, le sort de ses habitants, et, soutenu par la Chine, il a remis la Russie au cœur des préoccupations stratégiques des Etats-Unis. C’est toujours bon pour l’ego.
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