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Villes nouvelles, zones industrielles, bases militaires… La Chine accroît son emprise sur le Cambodge

Par Brice Pedroletti

Publié aujourd’hui à 04h47, mis à jour à 06h26

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ReportageLe royaume est le théâtre d’une frénésie de constructions dans le cadre des « nouvelles routes de la soie », qui inquiètent au plus au point les Etats-Unis.

C’est une large route, sans marquage, de deux fois quatre voies, qui perce la forêt tropicale sur 80 kilomètres, avant de basculer vers une côte de sable blanc où l’on distingue un terrain de golf et un quartier de style européen. Voici Dara Sakor – « océan étoilé », en khmer. Ce site de 380 km2 découpé dans un parc national qui descend de la chaîne des Cardamones vers le golfe de Thaïlande a été accordé en 2008, sous forme d’une concession de quatre-vingt-dix-neuf ans, à une société chinoise privée, Union Development Group (UDG), groupe immobilier de Tianjin fondé en 1995.

Passé le point de contrôle, on découvre le casino Longbay, dont les rubans rouges à l’entrée rappellent l’inauguration toute récente, le 18 novembre 2021, avec son duty free attenant. A quelques kilomètres au sud, un autre golf et un hôtel de « style français ». Une piste en latérite mène, 20 km plus loin, au futur aéroport international de Dara Sakor, dont le terminal est en cours de finition. « Deux milliards de dollars [1,8 milliard d’euros] ont déjà été investis ici depuis 2008. Dans trente ans, 3 millions de personnes vivront à Dara Sakor », dit Jiang Lu, le jeune Chinois qui anime sur place un « show room » luxueux pour le compte du Coastal City Development Group, une filiale d’UDG.

La nouvelle route qui dessert Dara Sakor, au Cambodge, le 20 décembre 2021. PHILONG SOVAN POUR «LE MONDE» Le casino Longbay et un vaste quartier résidentiel de « style européen » à Dara Sakor, au Cambodge, le 20 décembre 2021. PHILONG SOVAN POUR «LE MONDE»

Sur une gigantesque maquette, on reconnaît, au centre, Dara Sakor City et son « quartier d’affaires «  ; à l’est, une zone logistique ainsi qu’une « cité de commerce international » et un terminal de conteneurs ; et plus à l’ouest, une « ville du futur » consacrée aux hautes technologies et un lotissement en pétales sur un plan d’eau. A tous ces projets s’ajoutent ceux d’un port pour navires de 100 000 tonnes et une « cité de la santé », avec hôpital et maisons de repos. « Dara Sakor s’étend sur 90 km de côtes, un cinquième de toute la côte cambodgienne [435 km] ! », explique fièrement Jiang Lu.

« On ne peut pas attendre »

L’intérêt chinois pour le sud du Cambodge n’est pas sans pertinence économique : il s’agit de désengorger les sites hypertrophiés de Phnom Penh, la capitale, et du « hub » touristique de Siem Reap, où se trouve le temple d’Angkor Vat. Avec Dara Sakor, on croirait assister à la genèse de Singapour ou de Hongkong, ces créations de l’empire britannique au XIXe siècle, devenues de puissantes métropoles commerciales et financières. « Sans la Chine, nous ne pourrions pas nous développer aussi vite. On ne peut pas attendre. L’Occident parle sans cesse des droits de l’homme, de la démocratie, mais on roule sur des routes chinoises ! », réagit, à Phnom Penh, Kin Phea, directeur général de l’Institut des relations internationales de l’Académie royale du Cambodge.

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