« Ecoutez, lâches et scélérats ! » A la veille du nouveau procès contre Alexeï Navalny, sa femme a lancé un défi au Kremlin de Vladimir Poutine. Sur les réseaux sociaux, Ioulia Navalnaïa, épouse depuis plus de vingt ans du plus célèbre des opposants au régime, a exigé d’assister à l’audience.
Fait inédit, à partir de ce mardi 15 février, Alexeï Navalny est en effet jugé à huis clos depuis sa prison. Une manière d’éviter la présence de ses proches et de la presse dans le tribunal, mais aussi de manifestants autour. « Ils veulent le cacher à tout le monde, à ses partisans, aux journalistes. Je continue à demander la liberté pour mon mari. Et je demande au moins de pouvoir le voir au tribunal ! », s’est insurgée Mme Navalnaïa, dénonçant la « lâcheté » du Kremlin. « Que chaque épouse et mère en Russie s’imagine à ma place ! »
Alexeï Navalny, déjà condamné à deux ans et demi de prison, incarcéré depuis un an dans la colonie pénitentiaire IK-2 à une centaine de kilomètres à l’est de Moscou, devait comparaître par visioconférence devant un tribunal de la capitale. Il sera jugé dans deux des nouvelles affaires ouvertes contre lui. Cette fois, c’est pour « escroquerie » et « outrage » à magistrat : les enquêteurs accusent l’opposant d’avoir détourné l’équivalent de 4,1 millions d’euros de dons destinés à ses organisations et d’avoir insulté un juge lors d’une précédente audience. Des accusations passibles respectivement d’un maximum de dix ans et de six mois de prison.
Les poursuites contre ses proches s’intensifient
« Manifestement insatisfaites des peines de prison déjà prononcées contre Alexeï Navalny, les autorités russes le jugent à nouveau derrière les murs de barbelés dans un simulacre de procès, auquel assistent des gardiens de prison plutôt que les médias. Cela prive Navalny de son droit à un procès équitable », a dénoncé Marie Struthers, directrice d’Amnesty International pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale. La justice russe n’a pas expliqué pourquoi ce procès se tenait en prison ni précisé de quelle manière les témoins et l’équipe de défense participeront aux audiences.
Alors que les peines prononcées contre M. Navalny l’an passé ont été depuis critiquées par le Conseil de l’Europe (« une infraction aux obligations internationales de la Russie en matière de droits humains »), les poursuites contre ses proches se sont intensifiées.
Ses deux principaux alliés, Ivan Jdanov et Léonid Volkov, qui vivent en exil, ont été ajoutés au catalogue russe des « terroristes et extrémistes ». Les bureaux régionaux de leur mouvement dans le pays ont été fermés et leurs responsables locaux ciblés, poursuivis en justice et souvent contraints à l’exil pour éviter la prison. Par ailleurs, le gendarme russe des télécoms, Roskomnadzor, a demandé à au moins sept médias connus pour leur ton indépendant et critique (Dojd, Meduza, Znak, Echo de Moscou, Svobodnye Novosti, The Village, Boumaga) d’effacer sur leurs sites Web des dizaines de contenus. Notamment les articles relayant la vidéo d’Alexeï Navalny intitulée « Un palais pour Poutine », sur la résidence ultra-luxueuse que le président russe possède sur les bords de la mer Noire.
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