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Au Nicaragua, la « vengeance » de Daniel Ortega contre les universités

« Je dois reprendre mes études à zéro. Mes quatre années de fac ont été effacées, tout est perdu. » Dilon Antonio Zeledon Ramos a payé très cher sa participation aux manifestations contre le régime de Daniel Ortega, en 2018. Expulsé de l’Université nationale autonome du Nicaragua (UNAN), arrêté quelques mois plus tard, torturé, le jeune homme de 23 ans s’est exilé au Costa Rica en décembre 2021, d’où il observe avec désolation la répression qui s’abat désormais sur les universités privées de son pays. Car, après les opposants politiques, les organismes de défense des droits humains, les journalistes indépendants, les médecins ayant alerté sur la dangerosité du Covid-19 et les grands patrons, c’est aux établissements éducatifs privés, dont certains ont été à la pointe de la révolte populaire de 2018, que s’en prend le régime de Daniel Ortega.

Miguel Parajon, père de Yader. Celui-ci est emprisonné depuis septembre 2021 pour atteinte à l’intégrité nationale, à Managua, au Nicaragua, le 2 février 2022. MAYNOR VALENZUELA / REUTERS

Les 2 et 3 février, l’Assemblée nationale, contrôlée par le pouvoir, a supprimé l’autorisation de fonctionner de douze de ces établissements. Deux autres avaient déjà subi le même sort en décembre 2021. Les bâtiments sont occupés par le Conseil national des universités (CNU), l’organisme recteur de l’éducation supérieure. Lundi 7 février, les parlementaires ont nationalisé six de ces établissements en votant leur fusion au sein de trois nouvelles universités publiques. Au total, le régime a retiré le statut légal d’environ 90 organisations de la société civile.

Selon les autorités, ces décisions ont été prises parce que les universités ont failli à leur devoir de rendre à temps leurs bilans financiers ou la déclaration de l’origine étrangère de leurs fonds. Des accusations réfutées par leurs responsables, qui assurent avoir respecté toutes les exigences administratives.

Limbes administratifs

« Il s’agit d’une confiscation pure et simple, qui ne respecte pas les statuts des universités, s’indigne Ernesto Medina, ancien recteur de l’UNAN (1994-2006) et ancien président du CNU (1994-1996). Ceux-ci établissent les procédures à suivre en cas de fermeture et de liquidation du patrimoine, et cela m’étonnerait qu’il y soit établi que tout est offert à l’Etat. »

Le Nicaragua comptait jusqu’ici une cinquantaine d’universités privées. Si la plus ancienne, l’Université centraméricaine (UCA), a été créée par les jésuites en 1960, la plupart dataient des années 1990. Selon un calcul du journal El Confidencial, 18 000 étudiants seraient affectés par les décisions du gouvernement et se trouveraient dans des limbes administratifs, sans savoir ce qui adviendra de cette année universitaire qui commence.

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