Même une pièce écrite d’avance peut réserver des surprises. Ce fut le cas, dimanche 13 février, en Allemagne. Comme prévu, Frank-Walter Steinmeier a été réélu président de la République pour un deuxième mandat de cinq ans. Comme prévu, les membres de l’Assemblée fédérale (députés du Bundestag et délégués des Länder) n’ont eu besoin que d’un tour de scrutin, puisque à l’exception de Die Linke (gauche radicale) et de l’AfD (extrême droite), tous les grands partis avaient appelé à voter pour lui. Sur 1 437 voix, M. Steinmeier en a obtenu 1 045.
Si le résultat du vote n’a étonné personne, le discours du vainqueur, lui, était tout sauf attendu. Loin de s’en tenir à des remerciements de circonstance, M. Steinmeier a saisi l’occasion pour s’adresser à son homologue russe. « Je lance un appel au [président] Poutine : relâchez le nœud coulant du cou de l’Ukraine ! Et cherchez avec nous un moyen de préserver la paix en Europe ! », a-t-il déclaré. « Le risque est celui d’une guerre dans l’est de l’Europe, et c’est la Russie qui en porte la responsabilité », a-t-il ajouté, en évoquant les conséquences que tirerait l’Allemagne en cas d’attaque contre l’Ukraine. « Les habitants [de ce pays] ont droit (…) à l’autodétermination et à la souveraineté. Aucun Etat dans le monde n’a le droit d’y porter atteinte. Si quelqu’un s’y risque, nous y répondrons avec détermination ! (…) Je le dis au président Poutine : ne sous-estimez pas la force de la démocratie ! »
Marquer la rupture avec M. Schröder
Il est rare qu’un président allemand, dont le rôle est surtout honorifique, se mêle de politique étrangère. Encore plus qu’il interpelle publiquement un autre chef d’Etat. Mais le plus étonnant est sans doute que de tels mots aient été prononcés par M. Steinmeier, qui a longtemps été classé parmi les « Russlandversteher » (« ceux qui comprennent la Russie »), un terme souvent utilisé en Allemagne pour critiquer les responsables politiques qui font preuve d’une indulgence excessive à l’égard du Kremlin.
Avant les déplacements du chancelier Olaf Scholz à Kiev, lundi, puis à Moscou, mardi, le discours de M. Steinmeier avait un double objectif. Le premier était de répondre à ceux qui, ces dernières semaines, ont jugé que le gouvernement allemand manquait de solidarité avec l’Ukraine en refusant de lui livrer des armes et en ne disant pas clairement quel serait l’avenir du gazoduc Nord Stream 2 en cas d’attaque russe. « Vous pouvez compter sur nous », a-t-il assuré, citant « les Estoniens, les Lettons, les Lituaniens, les Polonais, les Slovaques, les Roumains et les autres alliés ».
Il vous reste 67.74% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article Le SPD allemand durcit le ton à l’égard de la Russie est apparu en premier sur zimo news.