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Joe Biden face au retour de la criminalité aux Etats-Unis

Analyse. Deux policiers new-yorkais tués dans une embuscade à Harlem ; un jeune caissier exécuté par un cambrioleur dans un Burger King de Manhattan, une quadragénaire asiatique poussée sous le métro à Time Square par un déséquilibré : ces meurtres ne suscitent pas l’émotion mondiale connue lors de la tuerie dans l’école de Parkland en Floride, en 2018 (17 morts), ou lors du meurtre de George Floyd, Afro-Américain étouffé par un policier blanc de Minneapolis en mai 2020.

Mais à New York comme dans tout le pays, les meurtres sont remontés en flèche. Les Etats-Unis connaissent une épidémie de violence qui rappelle celle des années 1990, en pleine guerre des gangs et de la drogue. En 2020, selon le FBI, le pays a connu 21 570 homicides – une hausse de 30 % en un an –, 25 fois plus qu’en France cinq fois moins peuplée. Ce chiffre, qui devrait encore augmenter de plus de 5 % en 2021, a bondi de moitié depuis le plus bas de 2014 et s’approche dangereusement du record de 1991 (24 703 morts).

Les Américains l’ont senti très vite. Dès l’été 2021, selon un sondage Ipsos, la criminalité était devenue leur premier sujet de préoccupation (32 %), devant l’extrémisme, le dérèglement climatique ou la dette, plus particulièrement chez les démocrates (39 %). Et les Américains veulent que le gouvernement agisse sur ce sujet : 24 % aujourd’hui, contre 5 % seulement il y a un an.

La police américaine n’a tué « que » 120 Noirs en 2021, deux fois moins que les six années précédentes

Joe Biden l’a compris alors qu’approchent les élections de mi-mandat, difficiles, en novembre. Il doit se débarrasser du sparadrap qui colle aux démocrates, accusés de vouloir couper les financements de la police (« Defund the police »). Ce mouvement a fait florès après le meurtre de George Floyd, porté par le mouvement Black Lives Matter et la gauche radicale. M. Biden n’a jamais soutenu cette initiative, mais les républicains en usent contre leurs adversaires, d’autant que l’impact du mouvement de contestation de la police sur la criminalité fait de plus en plus consensus.

« La chronologie soutient cette théorie, les homicides augmentant anormalement rapidement peu de temps après le meurtre de George Floyd et les manifestations qui ont suivi », écrivait en janvier le New York Times, qui note que le même phénomène s’était produit après les mouvements de 2015 et 2016 contre la police. Les policiers ont été beaucoup moins présents et moins stricts sur le terrain, certains ont démissionné, laissant les quartiers pauvres et les centres-villes désertés sans contrôle. Ce phénomène a au moins protégé les Afro-Américains de la police, cette dernière n’ayant tué « que » 120 Noirs en 2021, deux fois moins que les six années précédentes, selon un décompte de référence réalisé par le Washington Post (la police américaine tue chaque année 1 000 personnes, contre 32 en France en 2020). Parmi ces 120 Noirs, seuls quatre étaient désarmés, contre 22 les années précédentes.

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