La patineuse russe Kamila Valieva a été autorisée lundi par le Tribunal arbitral du sport (TAS) à participer aux Jeux olympiques de Pékin après un contrôle antidopage positif fin décembre. Le Comité international olympique (CIO) a cependant annoncé qu’il attendra une décision sur les conséquences du contrôle antidopage positif de la jeune patineuse russe pour remettre les médailles des épreuves auxquelles elle aura participé.
À peine plus d’une demi-heure après la décision du TAS, la patineuse de 15 ans était déjà sur la patinoire d’entraînement. Testée positive fin décembre à une substance interdite, la patineuse russe Kamila Valieva a été autorisée lundi 14 février à poursuivre ses JO de Pékin, avec l’épreuve individuelle mardi dont elle est grandissime favorite.
Néanmoins, le Comité international olympique (CIO) attendra une décision sur les conséquences du contrôle antidopage positif de la jeune patineuse russe pour remettre les médailles des épreuves auxquelles elle aura participé aux JO de Pékin, a-t-il annoncé lundi.
Le CIO juge « inapproprié » d’organiser les cérémonies pendant les Jeux et préfère attendre que le fond de l’affaire soit tranché, ce qui prend généralement plusieurs mois.
Le Tribunal arbitral du sport (TAS), sans se prononcer sur le fond de l’affaire, a confirmé, plus tôt, la levée de la suspension provisoire de l’adolescente, décidée mercredi dernier par l’agence antidopage russe (Rusada).
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« Empêcher l’athlète de concourir aux JO lui causerait un préjudice irréparable », ont observé les trois arbitres, alors même que son jeune âge (moins de 16 ans) implique des règles de preuves spécifiques et des sanctions allégées.
La jeune prodige peut donc continuer à défendre ses chances d’or olympique en individuel, dès sa première saison chez les seniors, même si rien n’empêche qu’elle soit sanctionnée d’ici plusieurs mois et qu’elle voit ses résultats annulés y compris pour les JO.
Le programme court femmes est programmé à partir de 18 h locales mardi (11 h françaises) et Valieva, devenue la première patineuse à réussir des quadruples sauts dans l’histoire olympique au cours de la compétition par équipes il y a une semaine, doit patiner à 21 52 locales (14 h 52 françaises).
Le « mépris systémique et généralisé » de la Russie
Sans surprise, le Comité olympique russe s’est rapidement félicité de cette décision, évoquant « la meilleure nouvelle de la journée », suivi par le tout nouveau vice-champion olympique de danse sur glace, le Russe Nikita Katsalapov qui a dit « être très content (de la décision), ajoutant un « Allez Kamila ! ».
À l’inverse, les Américains ont été tout aussi prompts à réagir mais non pas vraiment pris la même position. « Nous sommes déçus par le message envoyé par cette décision », écrit la présidente de l’USOPC, Sarah Hirshland dans un communiqué.
« Les athlètes ont le droit de savoir qu’ils se battent avec les mêmes chances. Malheureusement aujourd’hui ce droit a été nié. Cela semble être un nouveau chapitre du mépris systémique et généralisé de la Russie pour un sport propre », accuse-t-elle.
L’adolescente russe, pur produit de l’usine à championnes de la sévère Eteri Tutberidze à Moscou, n’a que 24 heures pour se reconcentrer sur la plus importante compétition de sa carrière naissante, après plusieurs jours d’une énorme tempête.
Une notification « tardive »
Car il a fallu attendre mardi dernier, après l’épreuve par équipe remportée par les Russes, pour que Valieva se voit notifier le résultat positif d’un contrôle antidopage réalisé par Rusada le 25 décembre à Saint-Pétersbourg, lors des Championnats de Russie.
Cette « notification tardive », par le laboratoire de Stockholm chargé de l’analyse, « a empêché l’athlète de réagir » alors même qu’elle n’y était pour rien, a expliqué à la presse Matthieu Reeb, le directeur général du TAS. « Si les procédures avaient été réglées en 10 jours comme d’habitude, je ne serais pas là », a-t-il souligné.
Le produit incriminé est la trimétazidine, une substance utilisée pour soigner les angines de poitrine et interdite par l’Agence mondiale antidopage (AMA) depuis 2014, car elle favoriserait la circulation sanguine.
Dans l’immédiat, cette annonce a retardé la cérémonie des médailles de l’épreuve par équipe, qui n’aura « probablement pas » lieu avant la fin des JO, a annoncé lundi matin le porte-parole du Comité international olympique.
Elle a surtout jeté un immense doute sur la suite du destin olympique de Valieva : suspendue provisoirement par Rusada dans un premier temps, Valieva a obtenu dès le lendemain la levée de cette mesure, pour des raisons restées mystérieuses.
Ce qui a conduit le CIO, mais aussi l’AMA et la Fédération internationale de patinage, à saisir le TAS d’un recours contre cette décision.
L’école Tutberidze en force, avec ou sans Valieva
Depuis l’officialisation de son contrôle positif vendredi, Valieva continuait elle de s’entraîner consciencieusement jour après jour, tantôt sur la glace olympique, tantôt sur la patinoire d’entraînement.
À l’exception d’un « bonjour » sonore lancé dimanche matin, accompagnée de membres de l’encadrement russe, elle est restée muette à chacune de ses traversées de la zone de presse. Elle s’était même caché le visage derrière son sweat-shirt vendredi.
L’affaire Valieva a démarré en début de semaine dernière, quand le CIO a annoncé que la cérémonie de remise de médailles de la compétition par équipes, remportée lundi par la Russie qui concourt sous pavillon neutre, était reportée pour des raisons « juridiques ».
La presse russe a ensuite évoqué un contrôle antidopage positif de Valieva, mais il a fallu attendre un communiqué vendredi de l’ITA, l’instance responsable du programme antidopage des JO, pour en avoir la confirmation.
Même si Valieva avait été suspendue, le patinage russe et l’école Tutberidze conservaient des arguments puisque ses principales concurrentes sont aussi ses partenaires d’entraînement, précisément Anna Shcherbakova, championne du monde en titre, et Alexandra Trusova, médaillée mondiale et européenne, 17 ans toutes les deux.
L’affaire Valieva, quand elle sera examinée sur le fond, pourrait aussi raviver les soupçons entourant le sport russe, à la réputation déjà bien entachée en matière de dopage par le scandale des JO-2014 de Sotchi.
Avec AFP
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