Le message, diffusé sur les réseaux sociaux, s’affiche en lettres capitales sur fond bleu : « Alerte aux voyageurs, le Royaume-Uni déconseille tout voyage en Ukraine. Les ressortissants britanniques en Ukraine doivent partir immédiatement. » Face à la menace d’une offensive de la Russie, dont 125 000 hommes sont massés aux frontières ukrainiennes, les appels se multiplient pour inciter les ressortissants étrangers à quitter l’ancienne république soviétique. Vendredi 11 février, les Etats-Unis ont été les premiers à franchir le pas. Outre le Royaume-Uni, au moins trente pays les ont imités depuis, dont l’Allemagne, l’Italie, le Canada, les Pays-Bas, le Japon, Israël, la Belgique, la Norvège, la Finlande, le Koweït ou encore l’Arabie saoudite.
« Tout le monde ne parle que de ça dans les communautés d’expats, témoigne Peter Dickinson, chercheur britannique installé à Kiev depuis vingt-deux ans. Beaucoup disent qu’ils vont rester, ont une attitude de défi et trouvent ces mesures exagérées. Mais ceux qui ont peur et veulent partir ne s’expriment peut-être pas publiquement », nuance-t-il. Dans sa famille, la valise d’urgence est prête, mais la décision de partir n’est pas encore arrêtée. « Je ne veux pas perturber mes enfants. Si les frontières sont fermées et les vols interrompus, on pense plutôt aller dans l’Ouest. »
« Faire quelques réserves d’eau, de nourriture »
De nombreuses ambassades ont également décidé de réduire leurs effectifs. Les Etats-Unis ont ordonné le départ de l’essentiel de leur personnel à Kiev, estimant qu’une offensive russe pouvait « commencer à tout moment ». Ils maintiendront toutefois une présence consulaire à Lviv, à l’ouest du pays. Le Canada a fermé temporairement son ambassade à Kiev et déplacé ses opérations, lui aussi, dans un bureau temporaire à Lviv, tout comme l’Australie, qui y évacue ses derniers diplomates encore en poste à Kiev. De leur côté, les institutions de l’Union européenne ont recommandé à leurs personnels non essentiels à Kiev de partir télétravailler depuis l’étranger. La Russie a elle aussi rappelé une partie de son personnel diplomatique, affirmant vouloir « optimiser » sa présence et craindre des « provocations » de l’Ukraine ou de tiers.
Les soldats qui forment les troupes ukrainiennes plient eux aussi bagage. Les Etats-Unis ont ainsi ordonné le retrait des 160 militaires américains qui entraînaient les forces ukrainiennes pour les « repositionner ailleurs en Europe », a annoncé, samedi, le porte-parole du Pentagone, John Kirby. « Ce repositionnement ne constitue pas un changement dans notre détermination à soutenir les forces ukrainiennes, mais offrira une certaine souplesse pour rassurer nos alliés et empêcher toute agression », a-t-il ajouté.
Il vous reste 62.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article Face aux appels au départ des étrangers, les Ukrainiens gagnés par un sentiment d’abandon est apparu en premier sur zimo news.