France World

Covid deux ans : porter le masque, une pratique ancrée en Asie de l’Est. Et chez nous demain?

A Tokyo, le 30 janvier 2022. (Photo by Philip FONG / AFP) PHILIP FONG / AFP

Le masque ne sera pas obligatoire dans les crèches japonaises. Début février, la commission d’experts du gouvernement sur le coronavirus a tranché : les petits doivent le porter « quand c’est possible », mais pas question de répondre à l’appel du ministre de la santé, Shigeyuki Goto, qui souhaitait l’imposer aux enfants de plus de deux ans. Le Japon fait face à une sixième vague de Covid-19 portant les contaminations à des niveaux inédits et les principales populations touchées sont, ces dernières semaines, les enfants et les personnes âgées. D’où les débats autour du masque pour les tout-petits. Ils suivaient les recommandations pour les personnes les plus vulnérables de porter deux masques superposés. Une pratique, qui, elle, a été plutôt suivie.

Ces discussions confirment l’importance du masque dans la prévention du Covid-19 au Japon, comme en Corée du Sud, en Chine ou à Taïwan, pays d’Asie de l’Est où les bilans de la pandémie restent très inférieurs à ceux des nations européennes ou d’Amérique : le Japon n’a déploré « que » 20 000 morts du Covid-19, la Corée du Sud moins de 7 000, quand la Chine n’aurait pas dépassé les 5 000 et Taïwan les 900.

Associé au respect des règles d’hygiène élémentaires et au traçage efficace des voies de contamination, le masque est depuis le début de la pandémie fortement recommandé au Japon et imposé en Corée du Sud, à Taïwan et en Chine. Passées les pénuries des premiers mois, son port s’est généralisé et l’habitude est restée. A l’automne 2021, quand le nombre de contaminations quotidiennes ne dépassait pas quelques dizaines par jour au Japon et qu’aucune mesure restrictive n’était en place, tout le monde continuait d’en porter dans les transports comme dans les rues, au bureau ou dans les salles de classe.

Contre la grippe saisonnière

Cette adoption, qui n’a jamais fait débat, tient à une présence ancienne du masque dans le quotidien des populations. Son usage en Asie orientale aurait débuté dans la seconde moitié du XIXe siècle avec l’importation des « respirateurs de Jeffreys » – un modèle de masque mis au point par le chirurgien britannique Julius Jeffreys (1800-1877) – promus contre les maladies respiratoires et les changements de températures, responsables des rhumes.

La première grande campagne incitant la population à porter le masque date toutefois de la grippe espagnole, dont les premières victimes nippones connues furent des lutteurs de sumo en tournée en 1918 à Taïwan, alors colonie japonaise (entre 1894 et 1945). La maladie fut de ce fait appelée dans un premier temps « rhume du sumo ». S’inspirant de l’obligation imposée par la mairie de San Francisco de « porter le masque de gaze comme moyen de prévenir la propagation de la grippe », le Japon a conseillé dès février 1919 de faire de même. Il l’a aussi fait dans ses colonies taïwanaise et coréenne. Par la suite, « comme leur colonisateur, les Coréens ont commencé à porter des masques contre la grippe saisonnière et la poussière », explique Hyun Jaehwan, historien des sciences de l’université de Busan (Corée du Sud), sur le site « The Mask-Arrayed », de l’institut allemand Max-Planck.

Il vous reste 36.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Covid deux ans : porter le masque, une pratique ancrée en Asie de l’Est. Et chez nous demain? est apparu en premier sur zimo news.