Publié le : 14/02/2022 – 07:59
Le pont Ambassador, l’un des principaux axes de circulation entre le Canada et les États-Unis a rouvert dimanche soir, après que la police canadienne a expulsé les manifestants et évacué les véhicules qui le bloquaient depuis plusieurs jours. La capitale Ottawa reste paralysée par les manifestants.
Le pont Ambassador, axe stratégique entre les États-Unis et le Canada, a rouvert, dimanche 13 février, après sept jours de blocage, une issue très attendue par Washington. Mais les manifestants anti-mesures sanitaires poursuivaient lundi leur occupation de la capitale Ottawa.
« Le pont Ambassador est maintenant entièrement ouvert, permettant à nouveau la libre circulation du commerce entre les économies canadienne et américaine », a indiqué la société exploitante du pont dimanche soir.
Quelques minutes plus tard les services frontaliers canadiens confirmaient dans un Tweet : « les opérations frontalières normales ont repris au pont Ambassador. Les voyages non essentiels sont déconseillés ».
Il a fallu deux journées à la police canadienne pour parvenir à évacuer ce pont, qui relie Windsor en Ontario à la ville américaine de Detroit, bloqué depuis lundi dernier par des manifestants anti-mesures sanitaires.
La police a indiqué qu’entre 25 et 30 protestataires avaient été arrêtés.
>> À (re)voir : « ‘Convois de la liberté’ antivax à Ottawa ou Paris : les démocraties fracturées ? »
En fin d’après-midi, quand les manifestants avaient été évacués et qu’il ne restait que des vérifications à effectuer avant la réouverture, une conseillère du président Joe Biden avait exprimé la reconnaissance de Washington « pour les efforts résolus déployés par les forces de l’ordre (canadiennes) le long de la frontière pour parvenir à la levée complète des blocus ».
Les États-Unis avait fait pression sur le gouvernement canadien en lui demandant il y a quelques jours d’employer « les pouvoirs fédéraux » pour mettre fin à un blocage ayant des « conséquences sérieuses » sur l’économie américaine.
Le maire de Windsor, Drew Dilkens, s’est réjoui que la « crise économique nationale au pont Ambassador (ait) pris fin aujourd’hui », allusion au lourd coût financier du blocus.
La fermeture du pont a en effet entraîné des perturbations pour l’industrie automobile des deux côtés de la frontière.
Plus de 25 % des marchandises exportées entre les États-Unis et le Canada transitent par ce pont. Plus de 40 000 personnes l’empruntent chaque jour, notamment des infirmières canadiennes qui travaillent dans les hôpitaux de Detroit.
Troisième semaine
Le mouvement de contestation canadien, qui entre dans sa troisième semaine, était parti de camionneurs protestant contre l’obligation d’être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les États-Unis. Mais les revendications se sont étendues à un refus de l’ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.
Ce dernier a indiqué dans un tweet dimanche soir que son gouvernement « continue d’agir de toute urgence – pour protéger les emplois, la sécurité publique, nos quartiers et notre économie ».
Des défilés ont eu lieu pendant le week-end dans plusieurs villes canadiennes, dont Ottawa, Toronto et Montréal samedi, et d’autres passages frontaliers demeurent bloqués dans les provinces du Manitoba et d’Alberta.
Si la situation à Ottawa était plus calme dimanche, le mouvement n’a pas faibli dans la capitale canadienne paralysée par les manifestants depuis fin janvier.
De nombreux manifestants se trouvaient toujours dans le centre d’Ottawa dimanche. « On s’acharne avec des mesures pour une maladie qui n’est pas si terrible que ça » déplore auprès de l’AFP Charles Beliveau. Il comptait quitter Ottawa dimanche soir mais entend bien revenir.
Témoignant de l’exaspération croissante des résidents face à l’occupation du centre-ville, le week-end a aussi été marqué par des contre-manifestations. Certains se sont ainsi efforcés d’arrêter un convoi de protestataires dimanche. Au Canada, 90 % de la population est vaccinée.
Une lueur d’espoir est toutefois apparue pour les résidents : la mairie d’Ottawa a fait état d’un accord possible avec Tamara Lich, l’une des organisatrices des protestations pour dégager les camions des zones les plus résidentielles.
Le ministre de la Protection civile Bill Blair s’est montré très critique à l’égard de la police d’Ottawa, jugeant « inexplicable », dans une interview à la chaîne CBC, que la police de la ville ne soit pas capable de rétablir l’ordre. « La police doit faire son travail » et « faire appliquer la loi dans cette ville », a-t-il martelé.
Avec AFP
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