Après la révolte des « gilets jaunes », puis celle des camping-cars, la France n’est pas prête à renouer avec l’idée d’une taxe carbone imposée aux automobilistes pour les convaincre de passer à l’électrique. Ce qui ne veut pas dire qu’elle a disparu. Mais ce sont aujourd’hui les pays producteurs de pétrole qui l’encaissent, par le biais d’une hausse des cours qui s’achemine doucement vers les 100 dollars le baril (95 dollars vendredi 11 février, soit environ 84 euros). Et, pour certains, son usage sera finalement le même, financer la transition énergétique. C’est le cas de l’Arabie saoudite, qui a décidé, ni plus ni moins, de transformer son pétrole en hydrogène, le carburant du futur, sans émissions de CO2 pourvu qu’il soit produit par des énergies renouvelables.
Pas si anodin
Ce samedi 12 février, le pays a annoncé le transfert par l’Etat de 4 % des actions de sa compagnie pétrolière nationale Saudi Aramco, vers son fonds souverain, le Public Investment Fund (PIF). Un petit exercice comptable qui n’est pas si anodin. D’abord, parce que 4 % de l’une des plus riches sociétés cotées du monde, cela représente tout de même 80 milliards de dollars. Ensuite, les généreux dividendes versés chaque année viendront alimenter les caisses du fonds. Enfin, cela va améliorer sensiblement la notation de la dette du PIF et lui permettre de lancer en toute tranquillité l’émission d’obligations vertes destinées à financer des projets gigantesques dans le domaine des énergies renouvelables. Au royaume des Saoud, le pétrole n’a pas l’odeur de soufre qu’on lui trouve parfois en Occident.
Jusqu’à présent, le fonds saoudien, comme ses équivalents du Qatar ou d’Abou Dhabi, recyclait l’argent du pétrole dans la détention d’actifs étrangers. Les deux tiers du portefeuille du PIF sont placés en actions Uber, Lucid Motors, Softbank, et même dans le club de football britannique Newcastle United. Mais, depuis que le prince Mohammed Ben Salman a des visions, les priorités changent. Sa « vision 2030 » entend sortir son pays de la monoculture pétrolière pour en faire un géant du commerce et de l’industrie.
Un port high-tech, à moitié flottant, peuplés d’usines, de parcs d’attractions, d’ingénieurs et de taxis volants
Sa vision est une ville utopique, bâtie au bord de la mer Rouge, à quelques encablures du canal de Suez. Un port high-tech, à moitié flottant, peuplés d’usines, de parcs d’attractions, d’ingénieurs et de taxis volants. Cette Silicon Valley des sables s’appelle Neom. Les gros travaux débutent à peine mais elle ambitionne déjà de devenir, avec le concours de l’américain Air Products, le premier producteur mondial d’hydrogène, avec 650 tonnes par jour. L’allemand ThyssenKrupp aurait déjà signé un contrat pour équiper une usine d’électrolyse de 2 gigawatts. Du solaire et de l’éolien fourniront l’énergie pour fabriquer ce gaz. La production est supposée commencer en 2026, selon le Financial Times, qui ajoute que deux sociétés coréennes, Samsung et Posco, travailleraient déjà sur le volet export. Une transition énergétique à l’ombre des derricks, reliée par un fil invisible à nos problèmes de camping-cars.
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