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Après l’assaut de l’EI contre la prison d’Hassaké, le désarroi et la peur des habitants

Par Ghazal Golshiri

Publié aujourd’hui à 03h38

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ReportageAvec plus de 370 morts côté prisonniers et assaillants et plus de 120 dans les rangs des Forces démocratiques syriennes, l’attaque djihadiste, bien que mise en échec, a rappelé la force de frappe que conserve l’organisation Etat islamique en Syrie.

Lorsque Farhan Ubaid Al-Hussein a commencé son travail dans le cimetière des martyrs d’Hassaké, en 2015, il n’y avait que quelques rangées de tombes. Depuis, l’endroit, où reposent des combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), les maîtres de cette région du nord-est de la Syrie, s’est étalé de toutes parts, sur plusieurs centaines de mètres. « Aujourd’hui, il est question que les autorités achètent les terrains autour pour agrandir encore le cimetière », explique l’homme qui observe, du coin de l’œil, les groupes de femmes, d’hommes et d’enfants rassemblés autour de certaines tombes.

Onze personnes, considérées comme des martyrs, sont enterrées au cimetière d’Hassaké, en Syrie, le 8 février 2022. LAURENCE GEAI / MYOP POUR « LE MONDE » Dans le cimetière des martyrs, situé à quelques kilomètres de la ville d’Hassaké, en Syrie, le 10 février 2022. Le jeudi, les familles viennent se recueillir. LAURENCE GEAI / MYOP POUR « LE MONDE »

En ce jeudi du mois de février, il s’agit des familles des militaires tombés dans les combats pour repousser l’attaque de l’organisation Etat islamique (EI) contre la prison d’Al-Sinaa à Hassaké, fin janvier. « On a aménagé cinq tombes de plus parce que dans la morgue il y a cinq corps non identifiés », explique Farhan, le fossoyeur, en désignant les trous fraîchement creusés dans la terre.

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La bataille a duré dix jours. Elle a mobilisé non seulement des troupes des FDS, une coalition à dominante kurde, mais aussi des forces spéciales américaines et britanniques, qui ont mené des frappes aériennes. Ce fut la confrontation la plus longue et la plus meurtrière contre l’organisation Etat islamique (EI) depuis les combats pour reprendre l’ultime fief des djihadistes, à Baghouz, en Syrie, en 2019.

Le bilan est très lourd : 374 prisonniers et assaillants tués, plus de 120 victimes du côté des FDS et du personnel pénitentiaire, ont annoncé les autorités kurdes après la reprise de la prison, le 31 janvier. « Nous pensons qu’à peu près une dizaine de prisonniers sont aujourd’hui en fuite », fait valoir, le 10 février, la commandante des FDS, Newroz Ahmed, rencontrée à Hassaké. D’autres connaisseurs du dossier parlent de plusieurs dizaines de détenus en fuite.

L’une des entrées de la prison attaquée à Hassaké, en Syrie, le 7 février 2022. LAURENCE GEAI / MYOP POUR « LE MONDE »

L’armée syrienne « trop fragmentée » contre l’EI

Bien que mis en échec, l’assaut contre la prison d’Al-Sinaa confirme que l’EI a conservé une capacité de nuisance très élevée, à travers notamment ses cellules dormantes, disséminées dans le nord-est syrien. « Daech a maintenu une structure centrale, il est capable de mobiliser des combattants autant en Syrie qu’en Irak, pour lancer une opération militaire de grande envergure, affirme Patrick Haenni, chercheur à l’Institut universitaire européen de Florence et au Centre pour le dialogue humanitaire. Le cœur battant de la résurgence de l’EI à l’échelon régional se trouve dans les régions désertiques du sud de l’Euphrate que l’armée syrienne et ses milices, trop fragmentées, sont de moins en moins à même de contrôler », ajoute–t-il.

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