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« Convois de la liberté » au Canada : la police déloge les manifestants d’un pont stratégique

La police a délogé les manifestants qui bloquaient le pont Ambassador, qui relie Windsor (Ontario) à Détroit (Michigan), le 13 février 2022. JEFF KOWALSKY / AFP

La police canadienne a délogé, dimanche 13 février, les derniers manifestants qui bloquaient le pont Ambassador, axe frontalier névralgique entre le Canada et les Etats-Unis. Cependant, des protestataires demeurent mobilisés à travers le pays, notamment dans la capitale, Ottawa, où le mouvement est entré dans sa troisième semaine.

Un important contingent de policiers s’est regroupé aux abords du pont en début de matinée et les forces de l’ordre ont procédé à des arrestations et remorqué des véhicules. La route menant au pont a été dégagée, mais la circulation n’était toujours pas rétablie en fin de matinée.

« Notre crise économique nationale au pont Ambassador a pris fin aujourd’hui », s’est réjoui le maire de Windsor (Ontario), Drew Dilkens, faisant allusion au lourd coût financier du blocus, qui durait depuis lundi. Il a ajouté que le passage transfrontalier serait rouvert en temps voulu, laissant à la police et aux services frontaliers la responsabilité de cette décision.

Dans un communiqué, M. Dilkens a invité les dirigeants fédéraux et provinciaux du pays à « éviter toute rhétorique politique de nature à semer la division », après deux années de restrictions dues à la pandémie.

Les forces de l’ordre canadiennes ont procédé à des arrestations et remorqué des véhicules, sur le pont Ambassador, à Windsor (Ontario), le 13 février 2022. NATHAN DENETTE / AP

L’opération avait débuté samedi matin. La police, progressant avec prudence et lenteur, avait fait reculer les manifestants et dégagé une intersection importante, mais tous les protestataires n’avaient pas été évacués en fin de journée.

L’opération a été lancée en vertu d’une décision de la Cour supérieure de l’Ontario, qui avait ordonné, vendredi, le départ des manifestants installés depuis lundi sur cet axe frontalier majeur entre les deux voisins américains. Un blocage qui a poussé Washington à intervenir auprès du gouvernement de Justin Trudeau.

La fermeture de ce pont a déjà entraîné des perturbations pour l’industrie automobile des deux côtés de la frontière. Plus de 25 % des marchandises exportées entre les Etats-Unis et le Canada transitent par ce pont.

Refus des mesures sanitaires

Cette contestation au Canada a inspiré d’autres initiatives similaires dans le monde. En France, une partie des convois opposés au passe vaccinal ont quitté la région parisienne, dimanche, pour rallier Bruxelles et y manifester lundi, malgré l’interdiction des autorités belges.

Des milliers de personnes avaient convergé vers Paris pour y manifester la veille, baptisant leur mouvement « convoi de la liberté ». La manifestation parisienne avait été interdite par la Préfecture de police.

La contestation canadienne, qui entre dans sa troisième semaine, était partie d’un mouvement de camionneurs protestant contre l’obligation d’être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis, mais les revendications se sont étendues à un refus de l’ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de M. Trudeau.

Samedi, des manifestations se sont poursuivies dans plusieurs villes canadiennes, dont Toronto et Montréal, et d’autres passages frontaliers demeurent bloqués, dans les provinces du Manitoba et de l’Alberta.

Si la situation à Ottawa était plus calme, dimanche matin, le mouvement n’a pas faibli dans la capitale, paralysée par les manifestants depuis la fin de janvier.

Selon la police d’Ottawa, quelque quatre mille manifestants étaient présents dans le centre-ville, samedi. La police a précisé dans un communiqué que certains d’entre eux avaient fait preuve d’agressivité. Elle a également répété qu’elle avait des moyens limités pour faire face à cette situation, qui a amené les autorités de la ville et de la province de l’Ontario à décréter l’état d’urgence.

Dimanche matin, les premiers manifestants arrivaient, drapeaux canadiens au poing, dans une capitale ensoleillée mais froide. Le mercure flirtait avec les moins 20 degrés Celsius tôt dans la matinée.

« C’est incroyable l’amour ici. C’est pacifique », a confié à l’Agence France-Presse (AFP) Vanessa Turgeon, 38 ans, originaire de Colombie-Britannique et travaillant dans l’agriculture. « Ça fait du bien de ne plus se sentir rejetée et discriminée », a-t-elle affirmé. Pour Rosie Albert, une Québécoise de 34 ans, arrivée dans la capitale le 28 janvier, « c’est comme si on venait de rencontrer une grande famille ». « Je n’ai jamais vu autant une atmosphère vibrer et autant d’amour, d’amitié, d’entraide : c’est juste incroyable », dit-elle, tout en reconnaissant que « ça ne peut pas continuer comme ça ».

Le Monde avec AFP

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