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L’hôpital de Yopougon, à Abidjan, en novembre 2018. ISSOUF SANOGO / AFP
« Ah, docteur Koné, notre sauveur ! » Au huitième étage du CHU de Cocody, à Abidjan, le professeur Landry Aké, chef adjoint du service de chirurgie pédiatrique, accueille chaleureusement Yaridjouma Koné, chargé de la gestion des produits sanguins de l’hôpital. « Grâce à l’efficacité du docteur Koné hier, nous avons sauvé un enfant qui avait un taux d’hémoglobine très bas et pour lequel il a fallu demander du sang en urgence à la pharmacie du CHU », détaille le professeur Aké. Malheureusement, regrette-t-il, ces petites victoires « n’arrivent pas tous les jours », alors que les hôpitaux ivoiriens ont connu ces dernières semaines une grave pénurie de poches de sang.
Au CHU de Cocody, le rôle de Yaridjouma Koné est prépondérant. C’est lui qui commande les poches au Centre national de transfusion sanguine (CNTS, principal lieu de collecte et de distribution à Abidjan) et les délivre aux médecins prescripteurs en fonction de l’urgence et des stocks disponibles. Mais en décembre et janvier, les frigos des banques de sang des hôpitaux étaient bien vides. « Il arrive qu’on ne puisse répondre qu’à 30 % des demandes », alerte M. Koné.
En Côte d’Ivoire, le problème est chronique. La première cause invoquée est le faible nombre de dons de sang sur le territoire national. Il manquerait entre 6 000 et 8 000 donneurs chaque mois. Rien n’y fait, même la promesse faite aux donneurs réguliers qu’ils pourront bénéficier de poches de sang en cas de besoin. Car celles-ci ne sont pas gratuites mais coûtent aux patients entre 1 000 francs CFA dans le public et 25 000 francs CFA dans le privé (entre 1,50 et 38 euros).
Ces dernières semaines, des médecins ont sonné l’alerte sur les réseaux sociaux. Des personnalités politiques et des internautes leur ont emboîté le pas, multipliant les appels aux dons pour sauver des vies. Le CNTS a même dû commander des poches de sang aux autres structures de collecte du pays pour répondre aux urgences des hôpitaux abidjanais.
Commerce parallèle
« Récemment, on a réussi à combler quelques manques grâce à la communication. Des entreprises ont incité leurs employés aux dons, mais cela reste ponctuel. Sur l’année, on ne couvre que 64 % des besoins nationaux », explique Yassongui Mamadou Sekongo, responsable de la formation et de la recherche au CNTS. La baisse des dons s’observe chaque année lors des vacances scolaires, lorsque les étudiants, un vivier très important de donneurs, sont de retour dans leurs familles.
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