Quelque 4 000 kilomètres entre les deux événements : personne ne les relie mais ils sont inséparables. D’un côté, à Paris, sous le regard de dizaines de journalistes, se déroule le procès des auteurs des attentats du 13 novembre 2015 qui ont ensanglanté Paris et Saint-Denis, plongeant la France dans l’horreur et entraînant une cascade de lois supposées garantir la sécurité de tous face au terrorisme. A la barre se sont succédé enquêteurs, experts, témoins et parties civiles, tandis que du box montaient des revendications de la part de certains des terroristes.
Un ancien président de la République, un ancien ministre de l’intérieur, les responsables des services de renseignement, sont venus livrer leur analyse, exprimer leur émotion et répondre de leur action. Par devoir bien sûr, mais aussi portés par un idéal qui réunit tous les hommes libres : fiers de voir qu’un procès de cette ampleur ait pu être organisé, attentifs à ce que les droits de chacun soient respectés et conscients de ce que la justice sera ainsi rendue.
Mais que retire-t-on de tous ces propos et de tous ces commentaires ? Une compréhension de la douleur des victimes et de leurs proches, de l’horreur du terrorisme, des limites de notre renseignement en 2015, des failles assez considérables dans le contrôle de qui entre, et pourquoi, dans l’espace Schengen, et quelques idées sur la mécanique d’endoctrinement totalitaire islamiste. Et la banalité du mal, la seule banalité du mal, déjà décrite par Hannah Arendt à propos des nazis (et d’autres) comme unique explication. Une vue parcellaire du passé.
De l’autre côté, dans le nord de la Syrie, dans une fantomatique no law land [« zone de non droit »] tenue par les forces kurdes, loin des préoccupations des médias français, se joue une partie de notre présent et de notre avenir.
« Temps perdu »
Abou Bakr Al-Baghdadi, ancien chef de l’organisation Etat islamique [EI] tué par les forces spéciales américaines au terme d’une opération bien menée, cela rassure un instant… avant que ne surgisse son remplaçant. Et dans le même temps, à Hassaké, une centaine de djihadistes ont attaqué, début 2022, une prison remplie de terroristes de l’EI, permettant la fuite d’un certain nombre d’entre eux.
Dans le camp d’Al-Hol, des veuves de djihadistes peuvent fuir facilement, depuis des années, contre espèces sonnantes et trébuchantes, la disparition des radars de la conjointe d’Amedy Coulibaly, le terroriste auteur de l’attaque de l’Hyper Cacher [le 9 janvier 2015], l’atteste.
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