Analyse. C’était un pari risqué : à l’aube de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron avait indiqué que deux des priorités de la présidence française de l’Union européenne (PFUE) seraient de réformer l’espace sans passeport de Schengen et de progresser vers l’adoption d’un « pacte migratoire » européen. Deux thèmes distincts au départ, mais que l’actualité des dernières années et les tensions qu’elle a engendrées ont rendus inséparables : libre circulation et migration alimentent désormais les mêmes craintes. Les questions de l’accès au territoire et de la politique migratoire sont donc devenues indissociables.
Pilotage et « gouvernance politique » de Schengen, contrôles renforcés des frontières avec, comme corollaires, « une responsabilité et une solidarité » obligatoires entre les Vingt-Sept : l’ambition française est grande mais ne gomme pas les écueils. A Bruxelles, les priorités affichées par Paris ont un air de déjà-vu et on s’interroge, au-delà des discours et des promesses, sur ce que la France obtiendra vraiment d’ici au 30 juin, date butoir d’une PFUE qui sera, en outre, éclipsée par la présidentielle.
L’obligation de solidarité
La Commission européenne a déposé il y a près d’un an et demi un « pacte global pour la migration » toujours enlisé, notamment parce qu’il porte la notion de solidarité « obligatoire ». Or, une bonne partie des Etats membres rejette toujours l’idée d’un partage équitable du « fardeau » migratoire et, en réalité, le principe de l’accueil de nouveaux demandeurs d’asile. Quant à l’intention de la Commission, appuyée par Paris, d’obliger les récalcitrants à soutenir financièrement leurs collègues qui, eux, assumeraient leur devoir d’accueil, elle n’a, semble-t-il, aucun écho en Europe centrale ou orientale. Qui ne dit mot ne consent pas toujours.
A Lille, le 3 février, à l’issue d’une réunion informelle de leurs collègues européens, le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, et la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, évoquaient les progrès engrangés. En réalité, ces responsables n’ont approuvé que le séquençage d’une discussion toujours aussi difficile. La France et l’Allemagne, avec quelques rares soutiens, prônent une coalition des « bonnes volontés » afin d’organiser la relocalisation et la répartition des demandeurs qui obtiennent le droit à l’asile, conformément aux dispositions internationales. Selon les informations du Monde, ils se sont vu opposer la naissance d’un club des Etats dits « raisonnables », qui regroupe une quinzaine de membres : ceux qui avouent avec de moins en moins de complexes leur refus de toute politique basée sur autre chose qu’une fermeture presque intégrale des frontières.
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