Depuis qu’il a été dévoilé en août 2021, le projet d’acheminer du gaz égyptien et de l’électricité de Jordanie au Liban, via la Syrie, est jonché d’obstacles. Les garanties réclamées à l’administration américaine par Le Caire, au regard des sanctions imposées au régime syrien, et le conditionnement d’un prêt de la Banque mondiale à la réforme du secteur de l’électricité au Liban ont retardé la finalisation d’un accord. « D’ici deux mois, nous recevrons du gaz égyptien et de l’électricité de Jordanie », assure, désormais optimiste, le ministre de l’énergie libanais, Walid Fayyad, au Monde.
Les experts jugent le calendrier très ambitieux, et ce, malgré les « progrès » signalés par l’envoyé spécial américain Amos Hochstein, lors de sa visite à Beyrouth, mercredi 9 février. Pour ce dernier, il n’y aura pas de « seconde chance ». L’accord énergétique pourrait offrir six heures d’électricité supplémentaires au pays du Cèdre, alors que la compagnie nationale Electricité du Liban (EDL) ne fournit plus que deux heures par jour – soit une production moyenne de 400 mégawatts (MW), contre 1 500 MW avant la crise.
Le volet jordanien de l’accord, qui prévoit d’importer environ 200 MW d’électricité par des lignes à haute tension qui relient la Jordanie au Liban, via la Syrie, a été signé fin janvier. Le volet égyptien reste la priorité. « Les Américains ont un intérêt géopolitique à arrimer le Liban à l’Egypte et à consolider le rôle de l’Egypte comme hub gazier », souligne un observateur étranger, qui estime « l’accord déjà bien ficelé sur le volet technique ». Le gaz devrait permettre d’utiliser la centrale de Deir Ammar (Nord) à pleine capacité (450 MW).
« Les Egyptiens veulent des garanties fortes »
« Quelque 650 millions de mètres cubes de gaz par an seront acheminés d’Egypte vers la Jordanie via le [gazoduc] Arab Gas Pipeline, puis vers la Syrie, où ils seront utilisés pour produire de l’électricité. Un échange est prévu avec les Syriens, qui nous donneront du gaz du champ de Homs [Ouest] », explique Walid Fayyad. En contrepartie, le régime syrien se verra allouer une part du gaz égyptien : 8 %, a affirmé le ministère syrien du pétrole, le 5 février. « C’est encore en discussion », précise M. Fayyad.
« L’administration américaine soutient l’accord et s’engage à fournir une lettre qui clarifie que l’accord n’implique pas de sanctions. J’espère que dans quelques jours nous aurons un contrat », poursuit le ministre. Ces garanties sont exigées des Egyptiens, qui redoutent de tomber sous le coup des sanctions prévues depuis 2019 dans le cadre de la loi « Cesar » contre toute personne physique ou morale commerçant avec le régime de Damas ou contribuant à la reconstruction du pays.
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