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La vente d’avions Rafale replace l’Indonésie au cœur de la stratégie française en Indo-Pacifique

Un avion de combat Rafale, sur le pont du porte-avions français « Charles-de-Gaulle », au large de Toulon, en juin 2021. NICOLAS TUCAT / AFP

La vente de 42 avions Rafale à l’Indonésie, annoncée jeudi 10 février à Djakarta par la ministre française des armées, Florence Parly, est perçue à Paris comme un joli pied de nez au défaitisme ambiant provoqué en septembre 2021 par l’annulation de l’énorme contrat passé entre le constructeur français Naval Group et la marine australienne. Celui-ci prévoyait la vente de douze sous-marins à Canberra, mais avait été annulé brutalement dans le cadre de la nouvelle alliance tripartite Aukus (Australie, Royaume-Uni, Etats-Unis), provoquant une grave crise diplomatique entre Paris, Washington et Canberra.

« C’est une vente qui crédibilise la stratégie indo-pacifique française, s’est félicité le porte-parole du ministère des armées, Hervé Grandjean, lors d’un point presse, jeudi. Ce sont des ciments qui arriment une relation bilatérale », a-t-il ajouté alors que, outre les Rafale, une lettre d’intention pour de la recherche et développement en vue de l’acquisition de deux sous-marins de classe Scorpène a été signée entre l’Indonésie et la France.

Si la France exporte des équipements militaires à l’Indonésie depuis une dizaine d’années – des hélicoptères, des navires et des radars, notamment –, la signature d’un accord de défense entre Paris et Djakarta remonte seulement à juin 2021. Avec cette vente, négociée dans la plus grande discrétion depuis l’été, l’Indonésie devient le deuxième client de la France en Asie du Sud-Est derrière Singapour. Cet accord est d’importance dans une région où cet immense archipel contrôle plusieurs détroits clé pour le commerce mondial.

Menace potentielle

La signature du contrat de Rafale s’inscrit dans un contexte de rapprochement graduel de la France et de l’Indonésie au plan géopolitique, évolution mise en lumière par la visite de François Hollande à Djakarta à la toute fin de son mandat présidentiel, en mars 2017. « Les diplomaties française et indonésienne partagent une même appétence pour le multilatéralisme », souligne un expert occidental basé à Djakarta.

L’Indonésie avait réagi avec aigreur à la naissance de l’Aukus, sa ministre des affaires étrangères, Retno Marsudi, estimant en octobre que la constitution d’une telle alliance risquait fort « de ne bénéficier à personne » et de créer une « dynamique [pouvant] causer des tensions dans la course aux armements ».

La perspective de vente aux Australiens de sous-marins à propulsion nucléaire américains à la place des sous-marins à propulsion diesel français a également été interprétée par Djakarta comme la menace potentielle d’un « renforcement de la compétition stratégique entre grandes puissances dont [l’Indonésie et les pays de la région] pourraient faire les frais », comme le remarquaient en décembre, dans une étude de la Fondation pour la recherche stratégique, les chercheuses Valérie Niquet et Marianne Peron-Doise. Elles ajoutaient que la modernisation « des moyens maritimes de l’archipel est une préoccupation majeure du président Joko Widodo, régulièrement confronté à des incursions de flottes de pêche chinoises accompagnées d’unités de garde-côtes opérant sans vergogne dans la zone économique exclusive indonésienne »…

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