Paul Magnette, président du PS, le plus important parti francophone de Belgique, a surpris, lundi 7 février, en déclarant à un magazine flamand qu’il aimerait voir la Belgique « sortir du commerce électronique ». Le pays, confiait ce responsable de premier plan, par ailleurs maire de Charleroi (Wallonie), pourrait, dès lors, retrouver « de vrais magasins et des villes animées » et serait capable de défendre « le commerce local et les petits indépendants ».
M. Magnette, un professeur d’université devenu célèbre en Europe et au-delà pour le combat qu’il a orchestré en 2019 contre le CETA, le projet de traité commercial eurocanadien, conteste l’idée que le commerce en ligne soit un progrès : il y verrait plutôt « une régression écologique et sociale ».
Hésitant entre l’ironie et la colère, ses rivaux politiques – qui, parfois, sont aussi ses alliés au sein du gouvernement fédéral et des majorités régionales de Wallonie et de Bruxelles – ont vivement répliqué. « Le XIXe siècle ne peut être un modèle de société (…), travaillons au monde de demain, avec une place pour chacun, au lieu du repli archaïque », a déclaré Georges-Louis Bouchez, président du Mouvement réformateur (libéral).
Une régulation plutôt qu’une disparition
Autre partenaire du PS au niveau fédéral, l’Open VLD, parti libéral flamand, estime que « revenir à l’économie d’il y a cent ans ne nous aidera pas ». Vooruit, le parti socialiste flamand, soulignait de son côté la nécessité non pas d’abroger l’e-commerce mais de combattre la concurrence déloyale de groupes étrangers qui menacent le commerce national. Quant au Parti du travail de Belgique (PTB, gauche radicale), devenu le grand rival du PS en Wallonie, il semblait surpris et insistait sur l’importance d’un secteur qui emploie directement 11 000 personnes en Belgique, sans compter les emplois indirects créés notamment dans la logistique. Si M. Magnette estime que ce secteur utilise pour l’essentiel « un nouveau prolétariat », ses adversaires à gauche et des syndicalistes soulignent plutôt qu’il permet en fait à des personnes non qualifiées de trouver un emploi.
Comeos, la fédération des commerces et des services, estime qu’une Belgique privée du commerce électronique mais continuant à acheter en ligne des biens provenant de l’étranger perdrait en tout cas « des dizaines de milliers d’emplois et 9 milliards de chiffre d’affaires ». D’autres sources parlent même de 12 milliards et soulignent la menace que fait peser le développement de méga centres de logistique et de distribution proches des frontières belges, aux Pays-Bas et en Allemagne.
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