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En Chine, le cash ne fait ne plus recette

Dans un magasin Walmart, à Pékin, en juillet 2021, le signe affiché sur cette caisse précise que les paiements en yuans numériques (e-CNY), alors en phase de test, sont acceptés. GREG BAKER / AFP

C’est une scène devenue courante en Chine : un mendiant fait la manche devant une terrasse de bar dans le centre de Shanghaï. Pas de monnaie, lui répondent les clients. Qu’à cela ne tienne, l’homme à barbichette grise tend le QR code qu’il porte autour du cou, et les clients n’ont plus d’excuse. Ce mendiant 2.0 n’est pas une exception, loin de là : en 2021, 62,7 % des Chinois de plus de 14 ans utilisaient régulièrement le paiement mobile pour des achats de proximité, selon une estimation du cabinet d’analyse américain eMarketer.

Beaucoup se sont aujourd’hui habitués à ne plus emporter leur portefeuille physique. Cette révolution, amorcée par Alibaba puis WeChat il y a une dizaine d’années, a dopé ces deux entreprises, au point d’alerter le régulateur bancaire qui tente d’organiser le secteur.

Rares sont ceux qui auraient pu prédire une telle révolution dans un pays où le cash était roi jusqu’au début des années 2010, le paiement par carte ne s’étant jamais imposé, et encore moins la carte de crédit. Alibaba, le pionnier du secteur, a développé progressivement son portefeuille électronique Alipay, faute d’options pratiques offertes par les banques traditionnelles, pour payer sur sa plate-forme d’e-commerce, Taobao.

Fort de son succès dans le paiement en ligne, Alibaba s’aventure dans le commerce physique en distribuant un terminal de paiement mobile à partir de 2011. La technologie est relativement simple : un programme au sein de l’application Alipay crée un QR code à usage unique que le client présente à un lecteur dans le magasin. Une version encore moins technique permet aux petites échoppes (ou aux mendiants de Shanghaï) d’afficher leur QR code imprimé, que scanne le client avec son smartphone pour procéder au transfert.

Guerre des « hongbao » numériques

Le point de bascule a lieu en 2014, sous l’effet de la concurrence de Tencent, le géant des jeux vidéo et des médias avec WeChat, le réseau social qui équipe la plupart des smartphones chinois. L’entreprise, qui propose elle aussi des moyens de paiement en ligne, notamment pour ses jeux vidéo, a une idée de génie. Tous les ans, lors de la fête du Printemps, les Chinois s’échangent des milliards de yuans de « hongbao », ces enveloppes rouges contenant des espèces. Tencent distribue cette année-là des hongbao numériques à ses utilisateurs, qui se les échangent ensuite : pour beaucoup, c’est la première expérience d’utilisation d’argent en ligne.

Alibaba ne veut pas être en reste : c’est une guerre des hongbao entre les deux mastodontes du numérique, à qui en offrira le plus, pour pousser des utilisateurs à lier leur compte en banque à Alipay ou à WeChat Pay. WeChat gagne des parts de marché, mais le marché lui-même explose grâce à l’opération : entre 2013 et 2014, la somme des paiements réalisés en ligne double en Chine. En 2020, Alipay a indiqué gérer chaque mois 10 000 milliards de yuans (1 370 milliards d’euros) de transactions.

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