A deux mois de la présidentielle, Emmanuel Macron dévoile jeudi à Belfort son plan de relance du nucléaire et, plus globalement, sa stratégie énergétique pour la France.
La principale annonce du chef de l’Etat doit porter sur la construction d’une série de nouveaux réacteurs nucléaires EPR de deuxième génération. De source proche de l’exécutif, la commande à EDF pourrait aller jusqu’à six réacteurs EPR2 avec une option pour huit réacteurs supplémentaires, soit 14 au total.
La France ne construit actuellement qu’un seul nouveau réacteur nucléaire, l’EPR de Flamanville (Manche), dont le chantier entrepris en 2007 n’est toujours pas achevé et pour lequel EDF a annoncé de nouveaux retards et surcoûts.
Accompagné de plusieurs ministres, le président et quasi-candidat fera ses annonces sur le site de fabrication des turbines Arabelle équipant les centrales nucléaires françaises, vendu en 2015 à l’américain General Electric lorsqu’il était ministre de l’Economie.
Ce choix de vendre à GE la branche énergie d’Alstom lui a été reproché régulièrement.
Depuis, Emmanuel Macron a opéré un virage progressif, jusqu’à assumer son choix pro-nucléaire, lui qui en 2017 insistait surtout sur son engagement de réduire le nucléaire à 50% de la production électrique.
Sous la pression de l’exécutif, EDF négocie depuis des mois pour racheter les activités nucléaires du conglomérat américain, dont les turbines Arabelle.
Mais rien ne filtre depuis un conseil d’administration du groupe EDF lundi, si ce n’est qu’un protocole de négociations pourrait finalement être annoncé, plutôt qu’un accord plus abouti, même si plusieurs ministres ont déjà anticipé la « bonne nouvelle ».
Le 9 novembre dernier, Emmanuel Macron avait annoncé que la France allait « pour la première fois depuis des décennies relancer la construction de réacteurs nucléaires » et « continuer de développer les énergies renouvelables ».
Le projet a pour but de « garantir l’indépendance énergétique de la France » et « atteindre nos objectifs, en particulier la neutralité carbone en 2050 », avait fait valoir le chef de l’Etat.
EDF a déjà remis à l’État une proposition pour construire six réacteurs EPR2 pour une cinquantaine de milliards d’euros.
– Eoliennes –
Le groupe propose de les construire par paires sur trois sites: d’abord à Penly (Seine-Maritime), près de Dieppe, puis à Gravelines (Nord) et enfin à Bugey (Ain) ou bien Tricastin (Drôme).
« L’Etat contribuera et jouera son rôle » dans le financement, promet l’Elysée.
« Plusieurs audits externes ont été faits par le gouvernement pour attester de la solidité du chiffrage par EDF et ces éléments seront rendus publics dans les jours qui suivent le discours du président », précise encore la présidence.
A Belfort, Emmanuel Macron devrait aussi parler du programmes des petits réacteurs nucléaires (SMR).
Le nucléaire, « c’est écologique, ça permet de produire de l’électricité sans carbone, ça participe à notre indépendance énergétique et ça produit une électricité qui est très compétitive », résume l’Elysée.
Mais au-delà, c’est une stratégie énergétique globale que doit présenter le chef de l’Etat, soucieux de montrer qu’il continue à accorder de l’importance aux énergies renouvelables, pour lui complémentaires du nucléaire.
« Construire un nouveau réacteur nucléaire ce n’est pas avant 15 ans, donc les énergies renouvelables on en a besoin tout de suite », souligne l’Elysée.
Emmanuel Macron pourrait ainsi évoquer le développement des éoliennes en mer, moins contestées que les éoliennes terrestres.
Autre piste, les économies d’énergie, avec l’objectif de « réduire nos consommations sans perdre en qualité de vie ou pouvoir d’achat ».
Le discours-cadre que le chef de l’Etat doit prononcer à Belfort trace donc une perspective de long terme, mais doit aussi lui permettre d’occuper d’ores et déjà l’un des sujets majeurs de la campagne.
Le nucléaire est l’un des thèmes de la campagne présidentielle de 2022, certains candidats en prônant une sortie plus ou moins rapide (écologistes ou insoumis) tandis que d’autres (notamment à droite et à l’extrême droite mais aussi au parti communiste) sont favorables à cette énergie.
Yannick Jadot, candidat EELV à la présidentielle, dénonce un « électoralisme » du président qui, selon lui, « juste avant l’élection présidentielle, essaie de corriger l’aberration d’avoir vendu Alstom à General Electric, dans des conditions absolument inacceptables pour la France ».
A l’unisson, l’ONG Greenpeace fustige un « objectif électoraliste » d’un « candidat opportuniste ».
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