Livre. La plupart des Français ne connaissent de la Hongrie que Viktor Orban, son premier ministre nationaliste qui secoue l’Europe de l’intérieur, et Budapest, destination prisée pour un week-end prolongé festif ou culturel. A quelques semaines des élections législatives du 3 avril, au cours desquelles M. Orban espère bien décrocher un quatrième mandat d’affilée, La Hongrie sous Orban est un ouvrage bienvenu pour essayer de mieux comprendre ce pays d’Europe centrale, devenu « le laboratoire européen d’une contre-révolution conservatrice », comme l’expliquent les auteurs dans leur avant-propos.
Rédigé par l’équipe de jeunes journalistes du Courrier d’Europe centrale, un site Internet qui couvre l’actualité de la région en français, ainsi que par l’ancien journaliste du Monde Daniel Psenny, le livre se présente comme une série de reportages en forme de cartes postales écrites depuis divers endroits de la Hongrie. Plutôt que de se focaliser sur Viktor Orban et ses désormais onze années de recul démocratique, les auteurs cherchent d’abord à présenter la Hongrie dans toute sa diversité et sa « complexité ».
Galerie de reportages
Avec eux, on voyage avec plaisir dans les communes perdues et dépeuplées du pays, à la rencontre du dernier maire communiste, d’une édile qui dirige une coopérative fromagère à la frontière roumaine ou dans un bastion du Fidesz, le parti de M. Orban. On se penche aussi avec détails sur les divisions de la communauté juive, sur le rôle de la photographie dans la construction de la mémoire collective hongroise, ou l’on suit avec amusement les errances alcoolisées de Zoltan Karnics, chanteur de Psycho Mutants, un groupe de rock à la gloire perdue de Pecs, dans le sud du pays.
Piochée dans les carnets de reportage – inexploités ou rédigés de manière spécifique pour l’ouvrage –, cette galerie documentée de reportages, de portraits et d’analyses réussit avec succès à démentir l’image trop simpliste et unique parfois collée à ce pays de près de dix millions d’habitants.
Un cri d’amour
Trop disparate dans son écriture et dans ses thèmes, l’ouvrage manque toutefois l’objectif d’expliquer comment cette petite nation réputée durant l’ère communiste pour son libéralisme a pu ensuite basculer dans le nationalisme et opérer de tels reculs démocratiques – le livre tourne ainsi autour d’Orban sans oser l’approcher franchement. Pour autant, la question se retrouve en filigrane dans tout l’ouvrage.
« Peut-être que des gens ont besoin de sentir que nous sommes plus grands et plus beaux qu’il n’y paraît », glisse ainsi Miklos Tamasi, créateur du site Fortepan, la plus grande banque d’images collaborative de la Hongrie, bien placé pour savoir que le « passé [des Hongrois] a l’air bien mieux en photo qu’il ne l’a vraiment été ».
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