On peut appeler cela un pèlerinage politique incontournable. Le 12 janvier, en déplacement à Atlanta (Géorgie), Joe Biden s’est recueilli devant la tombe de Martin Luther King, au centre construit à sa mémoire. Il cherchait ainsi une reconnexion symbolique avec une frange de l’électorat décisive dans sa victoire en 2020. Si Joe Biden s’était attardé dans la boutique de souvenirs, au milieu des mugs, des tee-shirts et des stylos, il aurait peut-être lu cette citation de l’icône des droits civiques, déclinée sur des magnets colorés destinés à des frigos philosophes : « Nos vies commencent à finir le jour où nous devenons silencieux au sujet des choses qui importent. »
Il serait faux de dire que le président américain a été silencieux, jusqu’à lors, à propos des préoccupations de la communauté noire. Le problème se situe plutôt dans ses priorités – essentiellement économiques – et la pénible traduction de ses intentions en actes lorsqu’il s’agit des droits des minorités. D’où une déception prégnante, en particulier à Atlanta, l’un des hauts lieux de la lutte pour l’égalité civique.
Quelques absences ont été remarquées ce jour-là parmi les invités au centre universitaire, lorsque Joe Biden a pris la parole pour annoncer la poursuite de « la bataille pour l’âme de l’Amérique ». « On est au-delà des discours », a expliqué LaTosha Brown, cofondatrice de l’organisation Black Voters Matter. « Problème d’agenda », a prétendu Stacey Abrams, figure militante du Parti démocrate. « J’ai été derrière eux pendant toute ma carrière », s’est justifié Joe Biden, le 19 janvier, reconnaissant tout juste un problème de « communication ».
La question du droit de vote
La précipitation avec laquelle, une semaine plus tard, la Maison Blanche a confirmé son intention de désigner une Afro-Américaine comme candidate à la Cour suprême pour succéder à Stephen Breyer a été parlante. Elle a donné le sentiment que ce critère d’origine prévalait sur la compétence. Un soupçon injuste pour les magistrates de valeur le plus souvent citées dans la presse. Mais la Maison Blanche ne veut pas tergiverser : pour une fois, elle peut envoyer un message positif et concret à la communauté noire.
Les études d’opinion indiquent un décrochage de cet électorat. Plusieurs facteurs entrent en compte. Le premier est le Covid-19, son taux de mortalité plus élevé au sein des minorités et la perception négative des obligations de vaccination que la Maison Blanche a voulu imposer dans certaines entreprises. Ensuite, malgré un taux de chômage historiquement bas dans le pays, les Noirs américains sont durement touchés par l’inflation – 7 % en un an.
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