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L’alliance redoutable des Duterte et des Marcos, en lice pour reprendre le pouvoir aux Philippines

Publié le : 08/02/2022 – 16:39

Allié à la fille du président Duterte, le fils du dictateur philippin, Ferdinand Marcos Jr, est donné favori du scrutin présidentiel de mai aux Philippines. À trois mois de l’élection, le nom du duo résonne déjà dans les premiers meetings.

Il est l’un des premiers membres du clan Marcos à être rentré d’exil au début des années 1990, puis à avoir entamé une carrière politique aux Philippines comme député puis comme sénateur. Alors que le coup d’envoi de la campagne pour l’élection présidentielle de mai a été donné mardi 8 février, Ferdinand Marcos Jr, fils du sanguinaire dictateur philippin du même nom, est donné favori du scrutin philippin. Les sondages lui prédisent une victoire éclatante le 9 mai, ce qui renverrait au palais présidentiel une famille qui a fui il y a plus de trente-cinq ans après avoir été destituée par une révolte populaire en 1986.

D’autant que sa principale rivale, une autre héritière, Sara Duterte, la fille de l’actuel président philippin Rodrigo Duterte qui ne peut pas se représenter, avait annoncé le 13 novembre qu’elle préférait briguer la vice-présidence du pays. Ce poste, avant tout honorifique, fait l’objet d’un scrutin à part aux Philippines. Les sondages la donnaient pourtant en avance sur Ferdinand Marcos Jr, mais un accord a été scellé entre les deux puissants clans Duterte et Marcos.

À Bocaue, près de Manille, mardi, lors d’un meeting aux allures de concert de rock, des milliers de partisans rassemblés dans un stade couvert appartenant à une Église influente scandaient les noms des héritiers des deux camps : « Bongbong, Sara » – Bongbong étant le surnom de Ferdinand Marcos Jr.

L’actuelle vice-présidente Leni Robredo, une ancienne avocate au service des défavorisés et une ennemie jurée de Marcos Jr et de M. Duterte, arrive loin derrière dans les sondages. Elle devance cependant le maire de Manille, Francisco Domagoso, le champion de boxe à la retraite Manny Pacquiao et l’ancien responsable de la police Panfilo Lacson.

Une ascension liée à Rodrigo Duterte

Rodrigo Duterte, qui attribuait sa victoire de 2016 au soutien de la famille Marcos, a longtemps été un partisan de Marcos Jr. Mais il s’est montré plus critique ces derniers mois, décrivant Marcos Jr comme « faible » et refusant de soutenir tout candidat, ce qui a alimenté les spéculations selon lesquelles il essaie d’obtenir des garanties de la part du favori pour le moment où il ne sera plus en fonction.

L’actuel chef d’État philippin a aussi contribué au retour des Marcos sur la scène politique de son pays en saluant l’ex-dictateur Marcos comme « le meilleur président de tous les temps » et faisant en sorte qu’il soit enterré dans le Cimetière des héros de Manille.

Le dictateur déchu est mort à Hawaï en 1989 et sa famille a ensuite été autorisée à revenir aux Philippines, où elle a pu reprendre une carrière politique en exploitant des loyautés locales pour se faire élire à une succession de postes élevés.

De retour d’exil, le fils Marcos Jr a remporté l’ancien siège de son père au Congrès à Ilocos Norte, en 1992, avant d’être élu gouverneur de la province six ans plus tard, puis au Sénat en 2010.

Sa mère Imelda a effectué trois mandats consécutifs dans la chambre basse du Parlement avant de laisser la place à son neveu. La sœur de Marcos Jr est aussi sénatrice.

Réécrire l’histoire du règne de Marcos pour les plus jeunes

Tout en reconnaissant que le mandat de son père, auteur d’une répression sanglante pendant les années de loi martiale, a été marquée par des violations des droits humains, Ferdinand Marcos Jr a pour habitude de les minimiser.

Il est accusé par ses détracteurs de réécrire l’histoire notamment à travers une campagne de communication sur Twitter, en direction des électeurs philippins trop jeunes pour se souvenir des années de dictature.

Le candidat à la présidence, âgé de 64 ans, assure qu’il était trop jeune pour pouvoir assumer la responsabilité du régime de son père, mais ses opposants soulignent qu’il a été gouverneur de la province d’Ilocos Norte, fief familial, de 1983 à 1986, alors que le chef du clan Marcos était au pouvoir. Ferdinand Marcos Jr a aussi été nommé président d’un fournisseur de services par satellite contrôlé par le gouvernement en 1985. Ce service était l’une des nombreuses entreprises utilisées pour faire transiter des biens mal acquis à l’étranger, selon une agence de recouvrement des avoirs mise en place après la chute du père.

Les parents du candidat Marcos ont été classés deuxièmes dirigeants les plus corrompus de toute l’Histoire par l’ONG Transparency International. Ferdinand Marcos Jr est lui aussi accusé de corruption, ses détracteurs ont notamment déposé des recours auprès de la Commission électorale pour qu’il soit disqualifié en vertu d’une ancienne condamnation pour avoir omis de déclarer ses revenus. Mais même s’il était exclu du scrutin, le code électoral autorise une personne portant le même nom de famille à le remplacer.

Avec AFP

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