La rue palestinienne le hait. Nombre de ses pairs le méprisent. Mais pour l’heure, Hussein Al-Sheikh savoure son plaisir. Lundi 7 février, le président Mahmoud Abbas a fait honneur à ce ministre et conseiller, chargé des relations avec Israël. Le raïs l’a fait nommer par une centaine de délégués, réunis dans son palais de la Mouqata’a, au comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). L’institution qui incarne depuis 1964 la cause palestinienne.
Le poste de secrétaire général lui tend les bras. Second après M. Abbas, il pourrait assumer la transition du pouvoir à sa mort. Visage costaud, sourire oblique, Hussein Al-Sheikh porte beau à 61 ans. Il fume des cigarettes « slim », se chausse à l’italienne et s’entoure de belles assistantes. Les Palestiniens voient en lui l’archétype de l’homme d’appareil et d’argent. Il est la main et la voix de M. Abbas, ce président de 86 ans de plus en plus isolé, rongé par le soupçon. Affaires économiques avec Israël, permis de passer les frontières, contacts diplomatiques : tout passe par lui. A bien des égards, il incarne déjà le pouvoir palestinien.
Une éducation en prison
« Il était mieux quand il n’avait ni argent ni femmes. Mais il n’a jamais eu de principes. C’est un pragmatique amoureux de lui-même, un égoïste, un opportuniste avant tout, capable d’une flexibilité sans limite », résume un camarade du Fatah, qui le fréquente depuis trente ans. « Il est sans vergogne, sans charme ni détermination. Il n’a rien et c’est pour cela qu’il est à cette place : il ne fait pas peur à Abbas », juge pour sa part un diplomate européen, qui s’étonne de voir M. Al-Sheikh présenté comme un successeur au poste suprême.
Hussein Al-Sheikh n’est pas né riche. Il est issu d’une famille de commerçants, réfugiés à Ramallah en 1948 durant la Nabka (la « catastrophe »), le déplacement forcé de 700 000 Palestiniens à la création de l’Etat d’Israël. Leur village, Deir Tarif, situé dans la plaine périphérique de Tel-Aviv, est effacé de la carte. Le jeune homme a peu d’éducation. C’est en prison qu’il acquiert sa légitimité.
Incarcéré à 18 ans en Israël, il y passe onze ans, jusqu’en 1989. Il y apprend l’hébreu et la lutte politique. Alors que les échos de la guerre civile au Liban agitent les cellules, il se compromet en prenant parti pour Abou Moussa, chef d’une dissidence prosyrienne du Fatah, qui chasse en 1983 de Tripoli le leader du parti, Yasser Arafat, et le dernier carré de fedayins qui s’y trouvait. Le jeune Hussein Al-Sheikh sera absous après quelques mois. Il ne déviera plus jamais de la ligne majoritaire.
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