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Présidentielle 2022 : les candidats critiquent la politique diplomatique d’Emmanuel Macron en visite en Russie et en Ukraine

Le président de la République, Emmanuel Macron, le 1er février 2022, à l’Elysée, à Paris. SARAH MEYSSONNIER / AP

Ils portent un regard critique concernant les derniers choix diplomatiques d’Emmanuel Macron et auraient procédé différemment. Plusieurs candidats à l’élection présidentielle ont tancé, chacun à leur manière, la tournée diplomatique du président de la République, dimanche 6 février et lundi 7 février. Celui-ci se rend lundi à Moscou pour rencontrer son homologue russe, Vladimir Poutine, avant de discuter mardi avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, afin de tenter d’amorcer une désescalade entre les deux pays.

Cette mission diplomatique risquée a lieu alors que le déploiement militaire russe à la frontière de l’Ukraine est toujours aussi menaçant, au point d’inciter les Etats-Unis et le Royaume-Uni à mettre en garde contre l’imminence d’une attaque.

Invité sur la radio France Inter lundi, le candidat d’extrême droite Eric Zemmour a estimé qu’Emmanuel Macron avait « raison d’y aller », mais que c’était « un peu tard » et que « Poutine n’a[vait] pas confiance en lui ». Selon le candidat de Reconquête !, « Emmanuel Macron a gâché ses chances [en matière de politique internationale] et a gâché de bonnes idées », vantant, par exemple, le fait qu’il ait reçu M. Poutine à Versailles au début du quinquennat. « Mais, malheureusement, comme d’habitude avec Macron, il gâche tout parce qu’il fait tout et son contraire. C’est le fameux en même temps et ça ne marche pas » sur la scène internationale, a-t-il continué.

« Les Américains ont beaucoup fait pour provoquer Poutine »

Si Eric Zemmour a estimé « qu’il faut qu’il y ait un accord pacifié, pacifique [entre l’Ukraine et la Russie] », une « condition simple » existe selon lui : « Il faut s’engager à ce que l’Ukraine ne rentre jamais dans l’OTAN. » « La revendication de Vladimir Poutine est tout à fait légitime », a défendu le candidat d’extrême droite qui a par ailleurs refusé de prendre position clairement au sujet des mercenaires de Wagner présents au Mali.

De nouveau questionné à ce sujet à la fin de l’interview, Eric Zemmour a continué de défendre le choix de Vladimir Poutine en avançant : « C’est un patriote russe. Il est légitime qu’il défende les intérêts de la Russie (…). Les Américains ont beaucoup fait pour provoquer Poutine. »

Valérie Pécresse, la candidate des Républicains à l’élection présidentielle, a noté que « la Russie est inquiète à ses frontières » et « qu’il faut se mettre dans la psychologie des Russes ». Elle a proposé « une nouvelle conférence sur la sécurité en Europe qui puisse donner naissance à un conseil de sécurité paneuropéen de l’Atlantique à l’Oural », dimanche sur France 5.

« On n’est plus au lendemain de la chute du mur de Berlin, on n’a pas besoin d’avoir une alliance où les Etats-Unis sont forcément partenaires, on peut faire sans les Etats-Unis. (…) Il faut prendre la main [sur ce dossier] », a analysé la candidate, avant de s’exprimer en langue russe pour déclarer : « Je veux dire au fier peuple russe que nous devons construire ensemble la paix en Europe et que commencer une guerre avec l’Ukraine, ce serait une terrible erreur. »

« Non alignée »

Questionné à ce sujet dimanche sur TF1, Jean-Luc Mélenchon, le candidat « insoumis » à l’élection présidentielle, a estimé que la France devait être « non alignée », avant de préciser : « Ce qui signifie à la fois que les Russes ne doivent pas entrer en Ukraine et que les Américains ne doivent pas annexer l’Ukraine dans l’OTAN. »

Selon lui, la position de Vladimir Poutine est compréhensible. « Je ne sais pas comment nous, Français, nous réagirions si on apprenait que M. Erdogan [le président turc] avait créé une alliance qui encerclerait la France. Ça ne nous ferait pas plaisir, donc je pense que le maître mot, ça doit être la désescalade », a-t-il poursuivi.

Jean-Luc Mélenchon a par ailleurs reproché « au président Macron d’avoir fait monter le ton à un moment donné en disant : “La France va défendre l’intégrité du territoire ukrainien. » « Ça me paraît complètement excessif. Si on veut jouer un rôle, il faut être non aligné. Si on choisit d’être aligné, on ne joue plus de rôle, on est dans un des camps. Et l’intérêt de la France, ce n’est pas de transformer la Russie en adversaire », a-t-il ajouté.

« Main ferme mais ouverte »

En janvier, il plaidait pour le dialogue avec la Russie, qu’il considère comme un partenaire essentiel de l’Europe. « Je ne suis pas d’accord pour qu’on en fasse un ennemi », assurait-il sur France Inter le 3 janvier. Il ajoutait que l’élargissement de l’OTAN aux pays de l’Est dans les années 2000 avait été « ressenti comme une menace par la Russie » et prônait une sortie de l’OTAN qu’il estime être le relais des Etats-Unis contre la Russie.

Son concurrent à gauche, le candidat communiste Fabien Roussel, a lui aussi appelé à « arrêter d’être alignés derrière la politique guerrière des Etats-Unis », « retrouver notre voix » et « prendre le chemin du désarmement et de la paix », lors de son meeting à Marseille dimanche.

Le candidat du PCF a demandé « d’ouvrir un dialogue avec la Russie, de tendre la main », avant de préciser : « Une main ferme, mais une main ouverte. » « Quand nous entendons le bruit des bottes claquer aux portes de l’Europe, que ce soit celles des soldats russes ou de l’OTAN, cette escalade nous inquiète », a-t-il également déclaré.

« La victime avant le bourreau »

De son côté, le candidat écologiste Yannick Jadot aurait « aimé que le président commence par aller à Kiev avant d’aller en Russie ». « Qu’il commence à aller voir la victime avant d’aller voir le bourreau », a-t-il jugé dimanche, interrogé sur BFM-TV.

Yannick Jadot a proposé « que le président Macron, en tant que président de l’Union européenne [présidence française du Conseil de l’Europe], réunisse un sommet à Kiev pour montrer la solidarité absolue de l’Europe pour la démocratie en Ukraine ».

« Je trouve dommage que le président de la République ne soit jamais allé à Kiev pendant son quinquennat, et qu’il ait reçu Vladimir Poutine sans que cela n’ait d’effet sur la diplomatie et l’agressivité de Poutine », a enfin déploré l’écologiste.

Le Monde avec AFP

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