« Nous avons rencontré Peng Shuai », a titré L’Equipe, lundi 7 février. Le quotidien sportif français est le premier média étranger et indépendant (après un échange de quelques minutes avec un journal singapourien en décembre) à avoir pu s’entretenir avec la joueuse de tennis chinoise, dont la situation suscite une vive inquiétude à l’international depuis qu’elle a accusé, début novembre 2021, un haut dirigeant du régime de Pékin de l’avoir violée.
Le message, publié sur le réseau social Weibo, avait été promptement censuré et la joueuse de 36 ans avait disparu pendant trois semaines. Depuis qu’elle a reparu, ses rares prises de parole se résument à de laconiques dénégations, et l’interview accordée à L’Equipe en marge des Jeux olympiques d’hiver de Pékin ne déroge pas à la règle.
« Je n’ai pas disparu », « je n’ai jamais dit que quiconque m’avait fait subir une agression sexuelle », « [ma vie] est comme elle doit être : rien de spécial », martèle l’ancienne numéro un mondiale face aux deux journalistes du quotidien.
S’il s’agit d’essayer de savoir si elle avait eu « des problèmes avec les autorités chinoises » après sa publication sur Weibo, l’ancienne championne olympique de tennis répond par une esquive dont la teneur rappelle une position souvent exprimée par le gouvernement chinois :
« Les sentiments, le sport et la politique sont trois choses bien distinctes. Mes problèmes sentimentaux, ma vie privée, ne doivent pas être mêlés au sport et à la politique. Et le sport ne doit pas être politisé […]. »
? Nous avons rencontré Peng Shuai
La une du journal L’Équipe de ce lundi 7 février 2022 https://t.co/KEaBmFpwbz
Interview accordée sous conditions
Des réponses convenues et attendues, au sujet desquelles le journal assure qu’il ne se faisait pas d’illusion. Dans un propos liminaire, les journalistes expliquent avoir eu « pleinement conscience » que Peng Shuai « répéterait les propos tenus précédemment aux médias officiels chinois » et que « chaque mot en serait soupesé au gramme près ». Impossible d’imaginer une autre possibilité, en effet, au regard du contexte politique chinois et de celui de la réalisation de l’interview.
Les questions devaient être soumises par avance, l’athlète devait s’exprimer en chinois
Comme l’explique L’Equipe, la demande de la rédaction de rencontrer la joueuse est passée par le Comité olympique chinois (COC) et n’a été acceptée que sous conditions. Les questions devaient être soumises par avance, l’athlète devait s’exprimer en chinois (et non en anglais comme elle a pu le faire par le passé en conférence de presse), et l’entretien devait donner lieu à une publication sous forme d’interview et sans commentaire. La rédaction a accepté, stipulant qu’ils n’autoriseraient pas de relecture de leur part.
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