Publié le : 07/02/2022 – 17:44
Le scandale de l’usage par la police israélienne du logiciel Pegasus a pris une nouvelle ampleur, lundi, le Premier ministre Naftali Bennett promettant « une réponse » après des révélations selon lesquelles de nombreuses personnalités publiques ont été espionnées sans autorisation.
Le groupe israélien de cybersécurité NSO de nouveau sur le devant de la scène. Le scandale au sujet de son logiciel espion Pegasus a pris une nouvelle dimension en Israël, lundi 7 février, avec un usage par la police de l’État hébreu amenant le Premier ministre du pays, Naftali Bennett, à promettre « une réponse » à des révélations de presse.
Des enquêtes publiées à l’été 2021 par un consortium de 17 médias internationaux affirmaient que le logiciel Pegasus avait permis d’espionner les téléphones de journalistes, d’hommes politiques parmi lesquels des chefs d’État, des militants et des chefs d’entreprises dans différents pays.
Mais au cours des dernières semaines, la presse israélienne a fait état d’écoutes non seulement à l’étranger, mais aussi en Israël.
Espionnage sans mandat ?
Selon des informations du quotidien économique israélien Calcalist publiées lundi, la police israélienne a eu un large recours au logiciel Pegasus, sans autorisation judiciaire et parfois de façon totalement discrétionnaire.
Le logiciel a notamment été utilisé contre Avner Netanyahu, un des fils de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, des conseillers médiatiques de ce dernier, des journalistes de premier plan et des maires, souligne Calcalist. Le journal avait déjà fait des révélations sur l’usage de logiciels d’espionnage par la police en janvier, poussant la justice à ouvrir une enquête.
« Les informations concernant Pegasus, si elles sont vraies, sont très sérieuses. (…) Nous ne laisserons pas cela sans réponse », a prévenu Naftali Bennett dans un communiqué. « Cet outil et d’autres outils similaires sont (…) importants dans la lutte contre le terrorisme et la grande criminalité, mais ils ne sont pas destinés à être utilisés pour des campagnes de hameçonnage contre le public israélien ou des responsables et c’est pourquoi nous devons comprendre exactement ce qu’il s’est passé », a-t-il ajouté.
Après de premières révélations du quotidien Calcalist en janvier, la police avait reconnu la semaine dernière avoir utilisé des technologies d’espionnage informatique « sans mandat », sans toutefois nommer le logiciel Pegasus. Jusque-là, la police était incriminée pour avoir utilisé illégalement le logiciel dans quelques cas, mais selon les nouvelles informations publiées par Calcalist, le programme espion était devenu un outil courant pour recueillir des renseignements.
« Des directeurs de cabinet de ministères, aux journalistes et aux hommes d’affaires : l’infection par Pegasus a atteint tout le monde, des militants pour les droits des handicapés et des Éthiopiens, aux cadres de grandes entreprises, aux maires et aux proches du Premier ministre », écrit le quotidien économique lundi.
« Tremblement de terre »
Dans la foulée de la publication de ces informations, qui ont provoqué une onde de choc en Israël, le ministre de la Sécurité publique, Omer Bar-Lev, a appelé à la création d’une commission d’enquête gouvernementale pour faire la lumière sur cette affaire.
« Les témoignages indiquent que les manquements, s’il y en a eu, ont eu lieu sous les précédents chefs de la police, ministres de la Sécurité publique et gouvernements », a-t-il affirmé dans un communiqué, s’engageant à ce que « la commission examine les allégations en profondeur ».
« Si ces informations sont exactes, il s’agit d’un tremblement de terre, des faits qui conviennent aux régimes obscurs du siècle précédent auxquels nous ne devons pas ressembler », a dénoncé la ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked.
Le président Isaac Herzog a, quant à lui, laissé entendre que la crédibilité des institutions était en jeu. « Nous ne devons pas perdre notre démocratie. Nous ne devons pas perdre notre police. Et nous ne devons certainement pas perdre la confiance du public en eux », a-t-il déclaré lundi.
NSO, concepteur de Pegasus, n’a ni démenti ni confirmé la vente du logiciel à la police, soulignant qu’il n’était « en aucun cas impliqué dans le fonctionnement du système une fois vendu à des clients gouvernementaux ».
Avec AFP
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